Aujourd’hui sur le pod, je parle avec Rodolphe Barrere, co-fondateur & CEO chez Potloc, une plateforme d’insights & d’études de marché.
Potloc, c’est 10 ans, +200 employés, des bureaux à MTL, Paris, NYC, & même en Roumanie + Colombie. En plus, ils ont levé presque 100M$ en funding
On parle de l’impressionnant parcours de Rodolphe qui est arrivé en tant qu’immigrant français au Québec en tant qu’étudiant avant de devenir entrepreneur tech à succès.
On couvre ensuite plusieurs points, comme :
Ah, et Rodolphe m’explique ce que c’est, le paradis des prunes perdues (PPP)
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Cool SaaS peeps mentionnés :
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Crédits musique
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Rodolphe Barrere:On est dans une industrie, donc l'industrie du sondage, l'industrie du market research, c'est 100 milliards. L'industrie du sondage, donc primary research, c'est 70 milliards. Ok,
François Lanthier Nadeau: donc la delta, c'est quoi ? C'est le secondary research. L'observation, comme tu parles.
Rodolphe Barrere: C'est la data qui existe, que tu observes. C'est du social listening, des trucs comme ça. Donc 70 milliards de primary research. Nous, on estime à l'interne que tu as à peu près 50% de ça qui est de la fraude. Donc, on parle d'une fraude de milliards de dollars. Donc, il y a beaucoup de gens qui vivent très, très bien de la fraude dans le sondage. Et donc, moi, j'ai beaucoup de mes concurrents qui sont partis en faillite à cause de ça. Donc, nous, si tu veux, chez Potluck, depuis jour 1, on a dit, moi, je suis prêt à parier ma maison que chacun des répondants que je te donne, toi, client, c'est un vrai répondant qui a vraiment répondu en faisant attention à toutes les questions. Moi, mais je te parle avec le souvenir. Ils ont un coup, on les a faits, je repars avec mes souvenirs.
François Lanthier Nadeau: What's up, folks ? C'est François Lanthier Nadeau. Bienvenue sur SaaSpasse, où on jase de croire qu'un SaaS ou une carrière en SaaS au Québec. Abonnez-vous et laissez-nous un review sur Spotify, Apple Podcasts ou votre plateforme préférée sans motifs big time. Et puis, on les feature sur le site web. On drop un épisode semaine minimum, juste des discussions sans filtre avec founders ou employés clés en SaaS. Assurez-vous que votre SaaS est listé sur SaaSpasse.com. Il y a bientôt 300 compagnies d'affichés. Let's go ! Si vous cherchez un emploi ou un employé en SaaS au Québec, allez sur SaaSpasse.com slash emploi avec un S, notre job board. By the way, notre employeur certifié Coveo a de sacrés beaux postes d'affichés. Si vous voulez des belles carrières dans un scale-up d'ici, ça vaut la peine de check it out. Le prochain événement SaaSpasse va avoir lieu jeudi le 5 septembre. à Montréal chez Coveo avec Sheila Morin, la CMO. Donc, on jase scaling de vente et du marketing, mais aussi de branding pour SaaS. Les billets sont dispo sur Evenbright, via la bannière sur notre site ou en show notes. Joël, qui est la première joueuse full patch SaaSpasse, et puis moi-même, on a vraiment hâte de voir le monde. Faites-nous plaisir, puis amenez quelqu'un qui ne connaît pas la communauté encore. OK, prochaine retraite privée pour fondateur SaaS, c'est le 18-19. 20 octobre, 7 automne. On cherche des founders entre 100 000 à 1 million de revenus annuels récurrents pour celle-là. Il y a 10 places disponibles maximum. Il y a déjà quelques personnes intéressées. Vous pouvez appliquer sur saspace.com slash retraite avec un S. Si vous connaissez des founders intéressants, LinkedIn, DM ou francois à saspace.com pour des recommandations. C'est méga apprécié. On va mettre un loom avec les détails dans les show notes aussi. Sinon, on est en saison de renouvellement et de vente pour les partenariats certifiés 2025. Il y a des gros trucs qui sont en train de se tramer. Hopefully, je vais pouvoir faire des annonces d'ici la fin de l'année. Il y a déjà une couple de fournisseurs, employeurs, puis même des produits. Donc, ça, c'est pour ça qu'ils m'ont contacté. Si ça vous intéresse, écrivez-moi sur LinkedIn ou à francois.sasparce.com. Toutes les news du pod, les partnerships, les events, la plateforme, ça sort sur LinkedIn. Prenez le temps d'aller nous suivre. It means a lot pour nous autres. Mais aussi sur notre newsletter, à laquelle on va donner de plus en plus de love, entre autres avec l'arrivée de Joël. Si vous allez sur sasport.com, il y a un Call to action dans le bas pour vous inscrire à la newsletter. OK. Aujourd'hui sur le pod, je parle avec Rodolphe Barère, cofondateur et CEO chez Potluck, une plateforme d'insights et d'études de marché. Potluck, c'est environ 10 ans d'opération, 200 employés, des bureaux à Montréal, Paris, New York, même en Roumanie et en Colombie, et presque 100 millions en financement de capital de risque. Donc, on couvre le parcours de Rodolphe qui passe d'immigrant français à étudiant au HEC à entrepreneur tech. On creuse ensuite sur plusieurs points, comme les 4-ish pivots qui ont dû faire à leur modèle d'affaires sur une décennie, puis il y a des histoires insane là-dedans. On retrace la première période assez bootstrap de 3 ans où est-ce qu'ils survivaient basically grâce à des bourses et des subventions académiques. Ils ont fait un énorme pivot qui était pendant la pandémie, mais je ne vais pas donner de spoilers, je vais laisser Rodolphe compter ça. On creuse après sur vraiment la nature de leur industrie, right ? Fait que c'est collecte de données, sondage, puis... Il y a beaucoup de choses qui sont critiques ici. Donc, la vie privée, certaines normes et législations. Ces potes-là qui ont des avocats full-time, on-staff, mettons. Puis j'apprends, comme à travers Rodolphe, qu'il y a beaucoup de fraude dans l'industrie du sondage. Ça fait que ça crée des défis vraiment, vraiment intéressants pour la compagnie et le produit. Sinon, c'est un épisode qui est une mine d'or de tips and tricks par rapport au leadership, au management, à de l'embauche de top execs, lever du cash, pitcher à des VCs, puis aussi aux différences culturelles. et de travail en Québec, New York, la France. Ah, puis Rodolphe m'explique aussi ce que c'est le paradis des prunes perdues PPP. Alright, on passe au show. Let's go ! Rodolphe Barère, bienvenue sur SaaSpasse.
Rodolphe Barrere: Merci, bonjour.
François Lanthier Nadeau: Content de te recevoir. Comment tu vas aujourd'hui ?
Rodolphe Barrere: Ça va très bien, très content d'être là.
François Lanthier Nadeau: Moi-même, j'ai su que tu étais en vacances. Oui, cette semaine. Donc, c'est peut-être une exception professionnelle juste pour moi.
Rodolphe Barrere: Oui, j'en ai fait plusieurs des exceptions professionnelles cette semaine. Mais oui, je suis techniquement up entre la Saint-Jean et la Fête du Canada.
François Lanthier Nadeau: Nice. Je demande tout le temps aux invités comment on se connaît. Dans notre cas, on ne se connaît pas vraiment. La connexion, tu te rappelles ça, elle a été faite où ? Marie-Michel Caron. Marie-Michel Caron.
Rodolphe Barrere: Caron.
François Lanthier Nadeau: Caron, pardon Marie-Michel si tu écoutes ça. Après qu'elle est venue sur le podcast, elle m'a dit il faudrait que tu parles avec lui. Elle est sur votre board, right ?
Rodolphe Barrere: Oui, exactement. Elle représente Investissement Québec même, sur notre board.
François Lanthier Nadeau: Oui, c'est ça. Cool beans, c'est comme ça qu'on a été connectés. Ensuite, juste pour... établir un peu le background de C'est qui Rodolphe ? Peux-tu me faire un rapid fire, en mitraille un peu le récapitulatif de ta carrière ?
Rodolphe Barrere: De ma vie, mon oeuvre à 32 ans,
François Lanthier Nadeau: ouais.
Rodolphe Barrere: Donc, comme mon petit accent de l'hexagone le laisse paraître, j'ai grandi en France jusqu'à mes 17 ans. Bon, là, en France classique, je vais pas te faire de la psychanalyse. Je suis venu au Québec parce que j'avais envie d'ailleurs, j'avais envie de... de faire mon truc à moi. Donc, j'avais appliqué sur des universités partout dans le monde de manière un peu random, juste pour partir. Et j'avais été pris à HEC Montréal. Donc, j'ai fini à HEC Montréal, mais vraiment de manière complètement aléatoire. Je n'ai ni famille, ni amis, personne ici. Donc, voilà, je suis arrivé à 17 ans. Donc, j'ai fait mes études. J'ai rencontré plein de gens extraordinaires. des amis, mon associé qui était mon colocataire pendant qu'on était aux études ensemble. J'ai rencontré ma femme, etc. Et donc maintenant, on est 15 ans plus tard. Et donc, j'ai quasiment passé la moitié de ma vie ici. Voilà. Incroyable.
François Lanthier Nadeau: La simulation est complète.
Rodolphe Barrere: Oui, simulation complète. Je suis devenu Canadien depuis longtemps. Ça fait longtemps.
François Lanthier Nadeau: Fait que tu avais un profil commercial de départ.
Rodolphe Barrere: Je pense, oui. Je suis un bon vendeur, moi.
François Lanthier Nadeau: Oui. Mais là, tu dis que mon co-founder était mon coloc aussi. Est-ce que lui allait au HEC aussi ?
Rodolphe Barrere: Oui, on était tous les deux au HEC.
François Lanthier Nadeau: Avez-vous deux profils assez commerciaux ?
Rodolphe Barrere: On a deux profils assez commerciaux. Mon associé, c'est un ingénieur raté.
François Lanthier Nadeau: Ah ok, c'est bon. Beaucoup plus que moi. C'est bon. C'est là que la complémentarité s'installe.
Rodolphe Barrere: Oui, exactement. Mais déjà, moi j'étudiais le marketing et j'appelais ça Shapes and Colors à l'époque au HEC. Et lui, il étudiait les méthodes quantitatives de gestion. Donc déjà, même au sein de l'HEC, on n'était pas dans le même programme.
François Lanthier Nadeau: C'est bon. Son nom ?
Rodolphe Barrere: Louis de Laoustre.
François Lanthier Nadeau: Parfait. On dit bonjour à Louis.
Rodolphe Barrere: Oui.
François Lanthier Nadeau: on s'est promis qu'on n'allait pas faire des des clins d'oeil à la caméra alors là je m'en retiens pour les gens qui ne connaissent pas déjà Potluck, tu veux-tu me faire un peu un elevator pitch de trois lignes ouais bien sûr,
Rodolphe Barrere: donc Potluck c'est une plateforme de recherche quantitative donc ça fait très fancy en fait c'est une plateforme de sondage pense à SurveyMonkey mais plus plus plus plus plus qu'on vend exclusivement aux firmes de conseil Et au fond de private equity. Donc, on travaille avec toutes les plus grandes firmes de conseil au monde. Donc, McKinsey, Bain, BCG, tu peux tous les citer, on les a toutes. Et également tous les plus grands fonds de private equity. Parce qu'en fait, dans leur mission de conseil, ces gens-là, régulièrement, ils doivent faire ce qu'on appelle du quantitative research. Donc, ils ont besoin d'aller chercher un échantillon représentatif d'une population X ou Y et de leur poser des questions pour avoir des réponses statistiquement viables. Qu'est-ce que pensent les directeurs financiers des hôpitaux du Québec ? Bon, tu vois. Et donc, il faut aller chercher un échantillon représentatif, poser les bonnes questions, etc. Et donc, c'est ce que notre software permet de faire.
François Lanthier Nadeau: Est-ce que le software fournit ces réponses-là déjà de par des études que vous avez déjà faites ou vous... fournit les outils pour aller chercher ces questions ? Donc,
Rodolphe Barrere: en fait, c'est les deux réponses. Donc, le software, il y a cinq modules. Tu m'avais dit short, donc je te la faisais courte, mais... C'est parfait. En très court, donc tu as cinq modules. Le premier module, c'est un module de... Bon, imaginons, il faudrait prendre un exemple, ça va être plus simple. Toi, tu veux interroger tous les gens qui consomment du podcast à travers le Québec orienté business. Tu veux comprendre ce qu'ils pensent de ton podcast, comment tu aimerais l'améliorer, etc. Au début, tu dis, ok, parfait, j'aimerais bien en interroger combien je peux interroger de gens comme ça. pour quand je peux avoir les réponses et combien ça va me coûter. Donc ça, c'est le premier quoting. On dit, OK, on peut aller chercher 1000 auditeurs hebdomadaires de podcast business pour après-demain. Ça va te coûter 5 dollars l'interview, donc 5000 dollars. Ensuite, tu as un module où tu crées ton questionnaire. Donc là, on va t'aider à poser les bonnes questions. C'est très important. La façon dont tu poses les questions influence les réponses. Et ça, tu le sais, c'est ton métier. Ensuite, on a le troisième pilier qui est le plus connu. Chez nous, c'est le pilier de sampling. Donc là, en fait, on va chercher les réponses, donc les répondants. Comment on fait ça ? Historiquement, on a créé une technologie qui s'appelle Social Media Sampling. En fait, on va aller chercher sur les réseaux sociaux. Donc nous, on utilise depuis plus de 10 ans maintenant la publicité sur les réseaux sociaux, que tu dois connaître aussi, pour non pas faire des conversions sur un site e-commerce, mais des conversions pour répondre aux sondages. Avec le bon nombre d'hommes, de femmes, tu veux le bon nombre de personnes qui sont en Beauce versus à Montréal, etc. Donc tu veux un échantillon représentatif, balancé. Ensuite, j'accélère, mais le quatrième pilier, c'est... data quality. Donc, data quality, c'est très important parce qu'en fait, on va payer les gens pour leur réponse. Donc, 1, 2, 20, 30 dollars, ça dépend. Et donc, en fait, très vite, ça peut être fraudé. T'imagines, c'est un lien public sur Internet. Donc, on finit très vite dans une farm click au Sri Lanka avec des gens qui créent plein de faux profits. Donc, très important. C'est aussi sophistiqué qu'une institution financière quasiment. Et le dernier module, c'est le module d'analytics dans lequel toi, client, tu vas jouer dedans pendant des heures pour se rendre compte comment il faut que tu fasses, etc. Donc, voilà, c'est vraiment ça, notre plateforme. Ça va de A à Z.
François Lanthier Nadeau: Très cool. Beaucoup plus sophistiqué que ce que je pensais. On s'entend que je n'ai pas fait une recherche, je n'ai pas utilisé Potluck pour faire de la recherche sur Potluck. Mais OK. On va pouvoir creuser dans ces différents modules-là, je pense, au fil de la conversation. Peux-tu me lancer une couple de chiffres juste pour qu'on ait un portrait métrique, numérique, un peu de où est Potluck, année d'existence, croissance, peu importe.
Rodolphe Barrere: Oui, donc on a 10 ans d'existence. On vient de fêter nos 10 ans, février 2024. Merci, j'ai fait quelques... Petit cheveu blanc dans les dernières années. On a à peu près 200 employés, un tout petit peu plus, ça varie, qui se sont localisés entre Montréal, qui est le siège social, Paris, New York, et après on a des petits bureaux en Roumanie, en Colombie, etc.
François Lanthier Nadeau: Cool.
Rodolphe Barrere: Qu'est-ce que je peux te dire d'autre comme chiffre ? Je ne fais pas de parrainement chiffre d'affaires, donc 200 employés, ça donne une idée. Financement, on a fait quasiment 100 millions de dollars de financement. Donc, on a levé plusieurs rondes de financement.
François Lanthier Nadeau: Capital qui vient d'un peu partout ?
Rodolphe Barrere: Principalement canadiens et québécois. Canadiens et québécois, je différencie les deux. Donc, on a dans nos gros... Tout ça, c'est de l'information publique, mais dans nos gros investisseurs, on a Investissement Québec, Desjardins Capital, FSTQ, on a EDC, on a BDC. Donc, j'ai pas mal tous les gros institutionnels canadiens.
François Lanthier Nadeau: C'est très usuel. Ouais,
Rodolphe Barrere: usual suspect. Et après, j'ai des privés également. Donc, j'ai Bright. qui est mon lead sur la série A. J'ai First Ascent Ventures, qui est un fonds de Toronto. On a un fonds français aussi, Cap Horn. Donc voilà, on a dix fonds.
François Lanthier Nadeau: C'est pas la première fois que j'entends ça, Cap Horn. Ça doit être un autre français qui m'en a parlé.
Rodolphe Barrere: Ouais, peut-être. Ils l'ont fermé, ils l'ont vendu maintenant, mais c'est un beau fonds en France.
François Lanthier Nadeau: OK, cool. La genèse de Potluck, là, tu m'as comme mentionné offline un peu que vous avez vécu à travers des pivots. Puis ça, on va pouvoir creuser un tout petit peu là-dessus, mais... Le premier problème identifié, mettons, la première douleur qui surgit dans le marché et que tu fais comme shit man, je vais le régler ça c'est quoi ?
Rodolphe Barrere: Oui, donc ça n'a quasiment rien à voir avec ce qu'on fait aujourd'hui. Parfait, allons-y. Il va falloir faire le pont mental.
François Lanthier Nadeau: C'est correct.
Rodolphe Barrere: J'étais donc en colocation avec la personne qui est devenue mon associée, Louis, que je salue. Et en fait, on habitait sur le plateau Montréal puisqu'on est immigrés français, donc on nous avait dit que... C'est là qu'il fallait aller. Donc, on est là. On est là avec les gens comme nous. Et là, blague à part, sur l'avenue Mont-Royal, on voyait un commerce. On habitait toujours depuis des années dans le même coin. On voyait un commerce avec un taux de roulement. Ils ouvraient des trucs. Ça n'avait pas rapport. Et trois mois après, ça fermait, etc. Et on s'est dit, pourquoi on ne demande pas aux gens du quartier quel type de commerce ils voudraient avoir ? Et donc, on a démarré comme ça. Donc, on a démarré littéralement dans la rue, décembre 2013. Donc, tu vois, ça fait plus de dix ans. ou je ne me souviens plus du numéro 18 quelque chose Montréal. Et en fait, on avait repeint la boutique, on avait mis des affiches, etc. Et on attrapait les passants dans la rue, on les faisait rentrer, on leur faisait répondre à un sondage sur iPad qui disait nom, prénom, code postal, où est-ce que tu fais ton épicerie dans le quartier, trois, quatre questions de base et... Quel commerce tu voudrais avoir ici ? Et donc, en une semaine, on avait eu, je ne sais plus, 600 personnes qui étaient rentrées, qui avaient voté. Et donc, en fait, on faisait des sondages. On ne s'en rendait pas compte, mais on faisait des sondages dans la rue. Ça s'appelle par interception. J'ai appris le terme après. Et donc, ça a démarré comme ça. Et on essayait, c'est un terme qui est important, on essayait de vendre la donnée aux propriétaires de locaux vacants pour les aider à mieux louer, pour les aider à louer un local, un locataire sur le long terme.
François Lanthier Nadeau: En théorie, ça fait de sens, par contre, comme modèle ? Qu'est-ce qui est en pratique chier ?
Rodolphe Barrere: Alors, donc, la théorie fait du sens. D'ailleurs, ça a été un succès à l'époque médiatique incroyable. On n'avait même pas incorporé la compagnie, qu'on était déjà invité sur des radios au Canada, etc.
François Lanthier Nadeau: C'est le cœur de la vie sociale. Les gens, ils s'engagent là-dedans, surtout à Montréal.
Rodolphe Barrere: Non, mais c'était fou. J'avais fait la une du journal dans le métro, le 24 heures. J'avais fait la une du journal, avec écrit Le pouvoir de choisir ses commerçants puis ma grosse face en blanc là-dessus. Alors qu'on n'avait même pas incorporé la boîte. pot-lock permet de réinventer, on avait tout plein de termes, la démocratie participative, on avait plein de trucs comme ça. Et donc, en fait, ça n'a pas du tout fonctionné, ce modèle-là. Pourquoi ? Parce qu'en fait, les propriétaires de locaux vacants, ils ne sont pas du tout prêts à dépenser 5, 10 000 pré-locataires. Tu vois ?
François Lanthier Nadeau: C'était quoi ? Pour que ça soit profitable, t'as des belles marges, c'était à peu près ça qu'il fallait faire ? Ouais, en fait,
Rodolphe Barrere: il fallait, à l'époque, et on était sur place, on avait les iPads, on prenait du staff, etc. Donc, c'était une sorte de petit événement. Donc, ça prenait un peu de... Puis après, il fallait faire le traitement de la donnée. On faisait un rapport statistique, etc. Mais en gros, les proprios, ils n'avaient pas du tout d'argent à dépenser. Donc, moi, j'ai quand même pris mon Bixi. À l'époque, ça venait de sortir. Une carte de Montréal avec un stabilo parce qu'on n'avait pas Internet dans nos poches à l'époque. Quand même, il faut remettre ça. Enfin, moi, en tout cas, je n'avais pas ça. Pas encore. Et on cartographiait l'entièreté de la ville de Montréal et j'appelais tous les numéros qu'on voit sur les boutiques vacantes pour essayer de leur vendre. C'est au service, là.
François Lanthier Nadeau: Un stabilo, c'est quoi,
Rodolphe Barrere: ça ? Tu sais, un truc jaune pour highlighter dans les livres. OK, OK, OK.
François Lanthier Nadeau: Un marqueur, là ? Un marqueur, oui, un marqueur. Ah, excuse-moi. OK. Fait que là, ça fonctionne. C'est complètement insane. Vous avez vraiment mis du jeu de coude, là, qu'on dit. Fait que, tu sais, vous avez mis la main à la pâte beaucoup. Mais là, vous vous rendez compte, OK, on n'est pas capable d'en vendre assez. Mais il y a quelque chose... C'est là que le... premier pivot arrive dans le fond ?
Rodolphe Barrere: En fait, on l'avait vendu une fois à un propriétaire, c'est notre premier client, Pierre Barsalou, qui nous a fait un chèque qui nous a permis d'incorporer la business, de payer les avocats. Très cool. Et on a fait ouvrir un café qui marche toujours super bien, qui s'appelle le Café Sfouf, qui est sur la rue Sfouf. C'est assez connu, honnêtement, par Gabi Pass. C'est sur la rue Ontario-Croisement-je ne sais plus, Berger. Et donc, c'est un café qui fonctionne super bien, mais... En fait, on avait fait tellement de bruit dans les médias qu'on avait attrapé le propriétaire de Montréal qui était prêt à payer 8 000 juste pour un bout de papier.
François Lanthier Nadeau: Ton taux de conversion total était à une personne. Oui,
Rodolphe Barrere: très très faible.
François Lanthier Nadeau: Puis là, juste avant qu'on bouge au prochain pivot, potluck, ça fait comme une couple de fois que ça me pop dans la tête de te demander pourquoi le nom, ça venait où le nom ?
Rodolphe Barrere: Oui, déjà c'est une idée de ma femme que je salue. On cherchait un nom court qui résonnait, etc. Et c'était vraiment basé sur ce premier concept. C'était le concept de tous les citoyens amènent quelque chose en apportant leur voix. Et ça crée un potluck, c'est un truc convivial, c'est cool, je t'invite, c'est cool. Et donc, en fait, on aimait cette idée. Puis après, il y a des gens qui nous disaient, ouais, en anglais, c'est potential location. Ok, potential location, ça marche et tout. Et donc, c'était vraiment l'idée que la participation, la voix de chacun créait quelque chose. ensemble, t'apportes ta petite pierre à l'édifice et tu crées un super beau repas tous ensemble. C'était cette analogie. Après, le Pancom était disponible, on l'a acheté, puis voilà.
François Lanthier Nadeau: Mais le cœur de cette idée est encore vivant dans la forme actuelle de l'entreprise.
Rodolphe Barrere: Et c'est pour ça qu'on n'a jamais changé de nom, malgré qu'il y a plein de gens. On le prenait pour Blockpot à l'époque, parce que c'était avant la légalisation. Je te promets, moi j'arrêtais les gens dans la rue. Donc dans la rue, tu trouves plein de gens quand même particuliers.
François Lanthier Nadeau: Il y a plein de gens dans la rue.
Rodolphe Barrere: Ouais, et je les ai arrêtés. Je leur disais Venez, c'est Potluck, il est à Blockpot ! Non, non, potes, rien à voir.
François Lanthier Nadeau: Est-ce que ta femme est canadienne ou française ?
Rodolphe Barrere: Québec oui. Québec
François Lanthier Nadeau: super. OK, cool. Fait que là, c'est quoi le move que toi et ton partner faites à partir du moment où vous avez la réalisation que ça ne se tiquera pas ce modèle-là ?
Rodolphe Barrere: Oui, on se dit en fait, les propriétaires sont en mode passif. Donc, en fait, il faut commencer à servir les gens qui sont en mode actif, c'est-à-dire les entrepreneurs. qui veulent ouvrir un commerce. Et donc, c'est là qu'on se dit, OK, donc on va aller, on va faire une plateforme web. On avait passé beaucoup de fin de semaine dans des locaux vacants et tout, c'est très chiant à faire. Donc, on s'est dit, là, c'est bon, on en avait marre, parce que tout fait, tu récupères tous les itinérants. C'est quand même un métier, t'es pas loin du travailleur social. J'ai fait ça pendant deux ans, donc j'avais eu ma dose. Et donc là, on se dit, OK, on va créer une plateforme, potlog.com, où les gens vont pouvoir inscrire leur projet de commerce. Et ensuite, les citoyens, donc les Montréalais, pourront voter pour se dire je veux ce commerce dans Griffintown ou Saint-Henri ou le Plateau, etc.
François Lanthier Nadeau: Un genre de marketplace ?
Rodolphe Barrere: Oui, en fait un genre de Kickstarter à l'époque. C'est du crowdfunding, sauf que là on appelait ça du crowdsourcing. Donc c'était pour savoir où ouvrir. Donc là on a fait ça, et ça c'était un gros succès populaire. On a eu, je ne sais pas moi, une cinquantaine de commerces que je vois encore dans les rues. De temps en temps l'épicerie Zéro Déchet Loco, c'était sur potlog.com. Le premier café où tu as des chats, c'était sur potlog.com. Il y a plein de commerces qui ont ouvert à Montréal qui étaient sur potluck.com. Et en fait, à l'époque, c'était les pages Facebook. Donc, toi, tu avais une page Facebook. C'était le nombre de likes qui comptaient. Il y avait eu une époque comme ça, un peu... Je me rappelle. Autant que moi. Et donc, en fait, on avait des gens... C'était la guerre du nombre de likes sur ta page. Tu me diras, les followers à Instagram, ça n'a pas beaucoup changé. Et donc, il y avait beaucoup de gens qui avaient créé une page comme ça et qui, ensuite, incitaient leur communauté à aller backer leur projet sur potluck.com pour savoir où ouvrir. OK ? Et donc, comme ça, on s'est fait, je crois, 100 000 users en quelques mois. C'était vraiment un gros succès. Qui venaient supporter leur... Et puis nous, on fournissait des heatmaps aux futurs commerçants pour leur dire, voici, ouvrir où sont vos zones de chaleur avec vos clients futurs. La donnée,
François Lanthier Nadeau: elle venait de ?
Rodolphe Barrere: La donnée, elle venait des gens qui disaient, regarde, moi j'habite là, j'aimerais bien que l'épicerie zéro déchet, elle soit là. J'en avais vu l'oreiller Est. Quand j'habite là, je voudrais que ça soit sur Notre-Dame, etc. Et donc, on fournissait ça. Ça a échoué. encore, donc ça a été un succès populaire immense on a pu ouvrir plein de commerces et le modèle d'affaires c'était quoi ? c'était ça qui manquait en fait c'était pas grand chose on essayait de vendre misérablement un abonnement de 1000$ par commerce ouvert sauf que les gens qui ouvrent des commerces ils ouvrent avec 20 000, 30 000, 40 000 la dernière endroit où ils ont 1000$ à mettre c'est dans une plateforme pour savoir ça donc on avait un système de freemium où t'avais quand même pas mal déjà tout ce dont t'avais besoin tu débloquais pas grand chose en payant Bref, ça ne marchait pas. Succès populaire, par contre.
François Lanthier Nadeau: Pour l'instant, l'utilisation, clairement, il y a un thème, il y a un besoin que vous avez nailé. C'était juste comment on commercialise. Oui, exactement.
Rodolphe Barrere: Donc là, on faisait zéro revenu, toujours. Proche de zéro revenu. On vivait grâce aux bourses entrepreneuriales.
François Lanthier Nadeau: OK.
Rodolphe Barrere: On était des bookishers et on a gagné, je ne sais pas, 50 ou 70 000 de bourses.
François Lanthier Nadeau: C'est quand même.
Rodolphe Barrere: Oui, et donc ça, ça nous a fait vivre à deux en mangeant des ramens pendant trois ans, mais on a vécu à deux là-dessus.
François Lanthier Nadeau: Vois-tu, c'est des histoires comme ça. qui me... Je suis toujours dans une déchirure entre est-ce que l'apport gouvernemental en subvention, en bourse est positif pour notre milieu capitaliste techno-québécois, ou est-ce qu'il peut mettre des plasteurs sur des bobos qui devraient être... C'est-à-dire, si c'était pas de bon modèle d'affaires, peut-être qu'il n'y a pas de bonne compagnie. Mais en même temps, toi... ça vous a permis de trouver le bon modèle d'affaires. Oui, exactement. C'est tout le temps comme, non, ce n'est pas blanc ou noir. J'aime ça en entendre des histoires comme ça, parce que clairement aujourd'hui, la valeur que vous avez générée pour Montréal, pour le Québec, est très élevée. Je parle, vous avez de l'emploi. Oui, bien sûr.
Rodolphe Barrere: Toutes choses étant relatives par ailleurs. Mais oui, bien sûr, on crée de la valeur économique. C'est ça que je veux dire. Écoute, nous, on en a beaucoup bénéficié. Des bourses HEC, des bourses Fondation Montréal Inc. Avant, PME Montréal, il y avait un truc qui s'appelait les CEDEC. Nous, on avait eu des bourses via ça.
François Lanthier Nadeau: Ce n'était pas des bourses gouvernementales nécessairement.
Rodolphe Barrere: Si, les CEDEC, c'était PME Montréal. Donc, je crois que c'était municipal. Après, des trucs via HEC. Fondation Montréal Inc., c'était le gouvernement du Québec à l'époque. C'est comme un mélange de municipal, provincial, fédéral, universitaire. Et donc, ça nous a permis de survivre. Sinon, en fait, de manière très pragmatique, tu as besoin de payer ton loyer et de manger. On vivait vraiment avec très peu, mais il fallait quand même survivre. Et donc, ça nous a permis de survivre et d'itérer assez pour trouver un bon business model.
François Lanthier Nadeau: Super. Puis là, après, le prochain business model ? Et donc,
Rodolphe Barrere: le prochain business model, là, on a commencé à bien gagner notre vie. Donc, prochain business model. Donc, imagine, on a une plateforme avec tous les commerces super cools. C'était très genre hipster, zéro déchet, tu vois, des trucs comme ça, qui ne sont pas encore ouverts. Tu captes le truc ? Donc, on a vraiment un potentiel assez intéressant de commerce à ouvrir. Donc, il y a des gens à la ville de Montréal, qui s'appelle les commissaires au développement économique et social, dont la job, c'est de dynamiser des artères commerciales qui sont en train un peu de mourir. partout au Québec. Donc, tu en as à Montréal et puis tu en as partout au Québec. Tu as le développement économique et social de Joliette, de la Chine, de Ville-Saint-Laurent, etc. Et donc, ces gars-là, ces gars-là, il y avait des femmes aussi, ces gens-là, ils voyaient notre plateforme avec plein de commerces cools. Et donc là, ils ont commencé à nous appeler en nous disant Rodolphe, comment je peux faire pour que tes commerces super branchés, au lieu de s'installer dans Saint-Henri ou dans Griffinton, etc., ils viennent s'installer sur le boulevard Gouin ? Je disais, bon, alors, ce n'est pas tout à fait le concept du truc. Moi, le concept, c'est que je les invite à ouvrir là où ça va fonctionner. Et donc, je ne peux pas les envoyer sur des artères commerciales qui périclitent. Tu vois, ça ne marche pas. Je leur dis, par contre, si vous voulez... Donc, on avait vu le pouvoir des communautés Facebook pour avoir des gens qui répondaient aux sondages. Je dis, par contre, si vous voulez, on peut interroger les gens de votre quartier via les réseaux sociaux pour savoir ce qu'ils aimeraient avoir dans leur commerce et tout. Et après, vous pourriez développer un système de bourse. pour faire ouvrir des boulangeries ou whatever, type de commerce qu'elle demandait. Et donc, je commence à lire ça. Ils disent, OK, parfait. Donc, ça s'appelait des études participatives, un truc comme ça. Et je commence à vendre ça. Ils me demandent combien c'est. Donc, moi, je suis un peu malin. Je vais regarder en ligne. Je vois que le seuil pour être en dessous d'un appel officiel d'offre, c'est 25 000 dollars taxine. Donc, on facture 21 000 et quelques taxines. Ça faisait 24 958. Je dis, voici le prix. Et là, on commence à vendre à coût de 25 000 comme ça à toutes les municipalités du Québec. Donc là, je prends ma petite voiture et là, je vends des études participatives à, tu peux les nommer parce que j'en ai fait un paquet, la ville de Lévis, c'est dans ton coin, par arrondissement, on a fait Lamalbert, on a fait Joliette, je ne sais plus si on a fait Québec. On a fait quasiment tous les arrondissements de Montréal. Si on a fait Saint-Sauveur à Québec, etc. Et à chaque fois, 25 000, 25 000, 25 000, 25 000, 25 000. Donc, qu'est-ce qu'on faisait ? On faisait de la pub sur Facebook dans la zone de la bonne région, dans les bons codes postaux. Et on allait interroger un échantillon représentatif. des consommateurs locaux, et on comprenait leurs habitudes d'achat, comment ils se déplacent, les pertes commerciales, etc. Pour derrière, faire un bilan commercial de l'offre et de la demande qu'on vendait aux villes. Et donc moi, je m'inventais urbaniste, parce que je n'ai aucune formation.
François Lanthier Nadeau: C'est quelque chose qui t'avait toujours passionné ?
Rodolphe Barrere: On est tombé dedans par hasard. Et donc, moi, je me retrouvais devant les conseils municipaux, pendant deux heures, avec tous les conseillers. Je distribuais des rapports papiers, tout était papier. Mon associé faisait les Excel et puis moi, je faisais les InDesign pour tout mettre en page et imprimer. InDesign. Oui, exactement. Et puis à la fin, je leur donnais un cours magistral de deux heures en leur expliquant ce que voulait leur population électorale.
François Lanthier Nadeau: C'était très cool, par contre. Ça a dû te faire aussi voir du pays. Tu as trotté pas mal, sûrement.
Rodolphe Barrere: Oui, et puis j'arrivais avec ma petite tête de français. Je n'avais jamais foutu les pieds de ma vie à Joliette. Et puis là, je leur disais comment mettre des racks à vélo et retravailler sur ce qu'on appelle l'équilibre commercial.
François Lanthier Nadeau: As-tu l'impression, dis-moi si t'as pas envie qu'on parle de ce truc-là, c'est juste que ça me passe par la tête, as-tu l'impression qu'une personne qui n'est pas, mettons, native d'ici, français, donc émigré ici, qui vient un peu dire aux Québécois, Hey, voici ce que vous pourriez faire pour mieux aller économiquement dans vos patelins, vos villes des fois, c'était-tu mal reçu, ou genre, as-tu senti une friction par rapport à ça ?
Rodolphe Barrere: Si tu veux, le... la xénophobie ou le racisme des Québécois envers les Français, honnêtement, c'est le plus léger de toutes les xénophobies à travers le monde. Donc, je ne me plaindrai jamais. Mais oui, tu as des gens qui t'expliquent que ça m'est arrivé d'avoir des situations où on te dit, tu n'es pas chez toi, qu'est-ce que tu racontes ? Mais fair enough, le monde est vaste, donc les opinions sont très larges. Donc non, moi, je pense que ça m'a plutôt servi d'avoir... d'avoir un prénom bizarre, un accent bizarre, d'avoir l'air sérieux. J'ai toujours travaillé de manière très sérieuse dans ma vie. Et donc, ça m'a plutôt servi. J'avais 23 ans, 24 ans. Je rencontrais des maires qui me recevaient dans leur bureau et qui me disaient Je te fais confiance pour dessiner le plan de développement économique de Rivière-des-Prairies. C'est très cool. C'est quand même cool.
François Lanthier Nadeau: T'as-tu des fois eu, parce que là, je me mets en avocat du diable un petit peu, mais t'as-tu déjà eu des fois des employés au sein d'une mairie ou d'une... le gouvernement municipal qui allait dire, ce qu'il va faire, en théorie, si on n'est pas super sur Facebook et qu'on peut poser les bonnes questions, on pourrait le faire à l'interne nous-mêmes. Est-ce que tu es déjà arrivé d'avoir ça comme contre-argument dans cette époque-là ?
Rodolphe Barrere: Oui, effectivement. Mais c'était les premiers pas de vraiment avoir une technologie différenciante.
François Lanthier Nadeau: C'était encore en train d'itérer.
Rodolphe Barrere: Oui, on était encore en train d'itérer. Mais on avait quand même développé déjà une... Je te dirais, ce n'était pas vraiment une technologie, parce qu'on avait un peu de tech, mais... C'était surtout un mode opératoire qui était honnêtement très difficile à répliquer. En fait, c'est très dur parce que si tu réfléchis deux ondes, les réseaux sociaux, si tu regardes le problème, en fait, les réseaux sociaux, c'est fait pour faire des conversions. No matter what. C'est le plus court chemin vers l'argent. Mais quand tu fais un sondage, tu as besoin de jeunes femmes. de vieux monsieur, etc. Et peut-être que le vieux monsieur, il va te coûter 80 fois plus cher que la jeune femme. C'est souvent le cas d'ailleurs, pour répondre à un sondage. Mais tu en as besoin pareil, parce que sinon, tu n'es pas représentatif. Ensuite, tu as des histoires de coefficients, de pondérations que tu peux appliquer, etc. C'est vraiment des statistiques assez avancées. Donc en fait, ce n'est pas si trivial que ça. Donc même déjà à l'époque où on avait quasiment zéro technologie, juste le savoir-faire, on avait même comme premier client des instituts de recherche québécois. Donc, des firmes de sondage québécoises qui sont devenues nos compétiteurs plus tard, qui nous appelaient pour qu'on les aide, en fait.
François Lanthier Nadeau: Très cool. C'est parce que cette nouveauté de données, cette nouvelle vague de données-là, et comment aller la chercher, ça, c'était plus dans votre cours que dans la cour peut-être des gens un peu plus old school ou des créations plus old school. Là, y'avait-tu une forme de répétabilité dans le modèle ? Est-ce que ces études-là auraient pu être vendues chaque année, chaque deux ans, ou vous alliez inévitablement saturer un peu le market à ce moment-là ?
Rodolphe Barrere: Oui, alors je ne sais pas si tu as préparé cette entrevue ou pas, mais tu mets le doigt exactement sur le problème qu'on a eu à cette époque. Donc, ça marchait super bien, OK ? On était deux là, je crois qu'on avait 97 de marge brute là-dessus. Donc, ça marchait hyper bien. On avait juste nos deux SLR et puis on imprimait du cash. Donc, on est passé de... on n'avait pas du tout, du tout, du tout assez d'argent à... Je crois qu'on faisait 500 000 dollars de chiffre d'affaires à deux, tu vois. Donc franchement...
François Lanthier Nadeau: On était encore juste deux à la fois.
Rodolphe Barrere: Ouais, on était juste... On avait des stagiaires français non payés. Mais aujourd'hui, on fait plus, ça en paye tout le monde. Donc ça fonctionnait. Ça fonctionnait honnêtement super bien. C'est malade. Et donc là, on a commencé à intégrer un accélérateur qui s'appelait Inocité. C'était l'accélérateur ville intelligente de Thunderfuel à l'époque. Et donc là, on commence à se faire brander Smart City. C'était à l'époque... de Coderre et Rauchy Tillian, etc. Et Stéphane Goyette qui lançait La Ville Intelligente, etc. Donc, nous, on était en plein là-dedans. On était sur la démocratie participative, blablabla. Et donc, voilà. Et donc, on a levé de l'argent sur ce business model-là de Smart City Technologies on s'appelait à l'époque. Donc, le segment dans lequel on était, c'était Smart City Technologies. Et donc, on a levé 800 ou 900 000 basés...
François Lanthier Nadeau: C'est la première fois que vous leviez du cash ? Oui,
Rodolphe Barrere: 2016. Fin 2016.
François Lanthier Nadeau: Aviez-vous de la dette d'accumuler pas mal ? Non,
Rodolphe Barrere: zéro. Zéro dette.
François Lanthier Nadeau: Cool, man.
Rodolphe Barrere: Donc là-dedans, il y avait 100 000 de dette, 800 000 d'équité. Donc là, on a fait rentrer la BDC et des grands investisseurs.
François Lanthier Nadeau: Quelle année,
Rodolphe Barrere: ce que ça dit ?
François Lanthier Nadeau: Fin 2016. Fin 2016. Ça faisait trois ans, là ?
Rodolphe Barrere: Ça faisait, ouais. Écoute, on a démarré décembre 2013, donc ouais, c'est ça, trois ans. OK,
François Lanthier Nadeau: super. Fait que la période bootstrapped, elle a duré environ trois ans. Ouais, c'est ça. Très cool.
Rodolphe Barrere: Mais bootstrapped, on a songé quitter plein de fois, parce qu'il n'y avait vraiment pas d'argent.
François Lanthier Nadeau: Je vais faire un double clic là-dessus, parce que... Moi, mettons, l'adversité et l'échec, c'est quelque chose que je trouve difficile. Je n'ai eu de l'adversité dans ma vie, mais souvent, il y en a que j'ai passé à travers. Mais souvent, je l'ai dodgé et j'ai fait trop de friction, trop d'adversité, je m'en vais ailleurs. The path of least resistance, je ne suis quand même pas pire en estiose. Mais toi, tu as quand même eu plusieurs pivots et on n'a même pas fini. Psychologiquement... Tu trouvais-tu ça rough pour ton égo ? Ou ça te motivait ? Tu sais, quand tu avais les réalisations avec ton partner, de genre, ça marche pas, on va être dead broke si on change pas de quoi.
Rodolphe Barrere: Tu trouvais-tu ça tough ? Moi, j'adore l'adversité. Sans adversité, je trouve que la vie est plate. Moi, j'ai besoin d'adversité. Pour mon associé, qui est mon meilleur ami, je parle de lui de manière très libre. Pour lui, ce qui était difficile, c'était le regard des autres. On était des losers, tu vois, vraiment.
François Lanthier Nadeau: Et puis tu sais,
Rodolphe Barrere: tous nos amis, c'est con, mais ils étaient tous au HEC, donc là ils commençaient tous à faire des carrières dans des grandes firmes, ils commençaient tous à avoir un peu d'argent, et puis nous on était restés au niveau étudiant là. Mais vraiment, tu sais, normalement tu sors de l'université, hop, tu changes de game là, tu vas très vite.
François Lanthier Nadeau: On a un parc des plus beaux. Voilà,
Rodolphe Barrere: exactement, tu as de l'argent pour faire d'autres choses que tu peux vivre. Donc ça, ça a été chiant cette période-là. Et heureusement, j'avais un groupe d'amis, c'est toujours mon groupe d'amis, où on était tous entrepreneurs. Mais dans différents trucs, il y en a des agences de com, d'autres qui ont monté des trucs qui se sont crashés, d'autres qui ont monté des trucs qui ont vendu, qui ont fait d'autres choses. Mais on était tous entrepreneurs. Et donc, j'avais un cercle d'amis proches où on était tous entrepreneurs. Donc en fait, moi, je n'avais pas bougé. J'avais le même rythme de vie que le rythme étudiant. Et mes amis, pareil. Donc voilà. Donc ouais, non, mais c'était difficile. Moi, je suis un appel de mes parents, surtout.
François Lanthier Nadeau: Ah ouais ?
Rodolphe Barrere: Ouais.
François Lanthier Nadeau: Donne-moi un exemple.
Rodolphe Barrere: Bah, tu sais...
François Lanthier Nadeau: Qu'est-ce que c'était dans l'environnement ?
Rodolphe Barrere: Ouais, tu sais, ils m'avaient offert l'université, c'était quand même cool. Avant que les frais soient doublés, là, mais c'était quand même un beau cadeau. Et puis là, ça fait trois ans que t'es diplômé et je vivotais. Enfin, tu vois, j'étais pas du... Disons que j'étais pas... Par rapport à ce que mes parents auraient voulu que je sois à cette époque-là, je n'étais pas du tout là.
François Lanthier Nadeau: Je comprends.
Rodolphe Barrere: C'était intéressant.
François Lanthier Nadeau: Puis là, je te ramène à la première levée de fonds. Ensuite, qu'est-ce qui se passe ? Là,
Rodolphe Barrere: c'est intéressant. On lève 800 ou 900 000 Là, on commence à embaucher nos premiers employés, nos premiers vendeurs, etc. Et là, janvier 2017, très vite après, je commence à rappeler mes super clients. La ville de Joliette, je le cite plusieurs fois, c'était vraiment un super client. Et j'appelle et ils disent Rodolphe, c'est super le rapport que tu nous as fait, on est super content, mais là, tu nous as donné à boire et à manger pour cinq ans. En fait, tu nous as donné une to-do list de trucs à faire là, on en a pour cinq ans. Donc rappelle-nous après les prochaines élections en 2000, je ne sais pas quoi. Et là, je me suis dit Merde, on va avoir zéro repeat business en fait, zéro repeat business. Et donc là, on a engagé un quatrième pivot, qui était un pivot qui n'est pas venu de nous d'ailleurs. Alors là, pour une fois, j'ai relativement peu de mérite sur ce pivot-là, où en fait… On avait reçu des demandes entrantes, donc des inbound leads, pour utiliser les termes anglo, de centres d'achat. Donc, des firmes BTB, First Capital, Clac Fairview, etc., qui sont des firmes qui possèdent de multiples centres d'achat. Ils nous avaient dit, regardez ce que vous faites sur vos artères commerciales, c'est super intéressant, est-ce qu'on pourrait faire la même chose, mais dans un centre d'achat ? Et donc, nous, au début, on s'est dit, franchement, non. Pourquoi ? Parce que les gens ne sont pas attachés à leur centre d'achat, etc. Et donc, on a fait ce qu'on appelle, c'est une expression un peu française, mais on envoyait des PPP. Donc, les PPP, c'est le paradis des prunes perdues. Donc, c'est comme des prunes, c'est de l'argot pour dire une quote. Et donc, on disait, voilà, on envoie ça, on ne regarde même pas, on met un truc trop cher, ils ne s'ignoreront jamais parce qu'on ne veut pas faire ça. Et en fait, ces deux firmes-là nous rappellent en nous disant, c'est génial, c'est ce dont on a besoin. Let's go ! On a dit Ok Donc là, c'était significativement plus cher. Ce n'était pas le même business. Et donc, on dit Ok, on va essayer Et on s'était dit, petit esprit fermé que nous étions, que voter ou donner son opinion sur son centre d'achat, ça serait moins engageant que sur son artère commerciale et que les gens ne participeraient pas sur les réseaux sociaux. Et donc, en fait, on s'était complètement trompé dans cette assumption-là. En fait, les gens qui magasinent dans un centre d'achat... à toutes les fins de semaine, ils veulent absolument donner leur opinion sur leur centre d'achat. Et nous, on était biaisés par nos propres biais parce que là où j'ai grandi et là où je vivais, il n'y avait pas de centre d'achat. Dans le temps de Montréal, tu n'as pas vraiment des centres d'achat, des rues urbaines, tu n'as pas ça. Et donc, là, ça a commencé à super bien fonctionner. Mais là, super bien, super bien. Donc là, on a commencé à vendre à des firmes, donc des real estate companies. Donc là, on est passé de smart city tech à prop tech, property tech, donc en real estate. Donc, on vendait à des firmes d'immobilier commercial qui ont du cash. Et par extension, par effet miroir, on vendait également à des grandes bannières. Parce que quand tu vends à un centre d'achat qui est composé à 75% d'un Walmart, en fait, tu vends quand même la data à Walmart aussi, indirectement. Et donc là, on a commencé à vendre à des shopping malls en bon français. Et des... et ce qu'on appelle les big box retailers, donc ceux qui sont des grosses boîtes, donc les Loblo et les Rona, les Best Buy, ouais, c'était pas de mes... Je sais plus si on avait un client, je crois. Mais voilà, tu sais, ces gros commerces-là. Grosse surface. Ouais, grosse surface. Et on était super forts pour faire ce qu'on appelle de la zone de chalandise. Donc, aller interroger. Donc, zone de chalandise, c'est tu prends un point, c'est ton commerce, OK ? Et t'as trois zones, la primaire, la secondaire, la tertiaire. La primaire, t'as 50% de ta clientèle qui habite là. La secondaire, t'as 70%, je crois, de mes bras. Voilà, un truc comme ça. et donc nous en fait c'est très important de voir quelles sont les fuites commerciales que tu as dans ta zone primaire, secondaire, tertiaire pour savoir pourquoi alors que le gars il habite plus près de chez Rona que de chez Home Depot pourquoi il va chez Home Depot tu vois tout ce genre de calcul là on a fait ça pendant des années et donc voilà et donc là on s'est mis à vendre des gros contrats bien juteux à tous les noms que je t'ai cités et mon associé lui a déménagé en France donc lui français aussi d'origine pour suivre sa femme qui est médecin en France. Donc, il est tombé amoureux. Et donc, il l'a épousé. Donc, ça va bien. C'était un bon... Il lui a fait deux enfants. Donc, c'était un bon pari. Et donc là, on a commencé à développer la compagnie sur deux continents, la France et le Canada.
François Lanthier Nadeau: Avais-tu des doutes par rapport à ce split de... Pas de focus, mais de géographie,
Rodolphe Barrere: là ? Oui, c'était un énorme risque. C'était un énorme risque. Donc, en fait, non seulement on a levé les fonds, mais en plus, juste après avoir levé les fonds, on a pivoté et après, on s'est séparés. Donc, c'était ça, on a mis risque maximal.
François Lanthier Nadeau: T'avais un CA, puis certaines personnes dans ta genre de gouvernance qui étaient comme yo
Rodolphe Barrere: Ouais, alors, écoute, je me souviens plus trop. On avait un CA, on avait Robert Boston l'ancien PDG de Rona, qui est d'ailleurs un super invité, si tu veux l'inviter un jour. Et lui, il était très supportif de notre move. C'était une toute petite compagnie, là, quand même. On avait une dizaine d'employés. Donc, voilà, on s'est séparés sur deux pays. Et là, on a commencé à faire la compétition. de qui faisait le plus grand chiffre d'affaires entre le Canada et la France.
François Lanthier Nadeau: Parce que là, est-ce que... OK, dans le fond, le modèle d'affaires qui a fonctionné ici, sur les grandes surfaces, sur les centres d'achat, ton partner, c'est Louis. Louis a dit, moi, je fais la même affaire à Paris, puis toi, tu continues de faire ça ici. C'était un peu ça ?
Rodolphe Barrere: Oui, c'était ça. À Lille, d'ailleurs, on a démarré dans le nord de la France. Et oui, c'était ça. Donc, en France, je ne vais pas te donner les marques, parce que tu ne vas pas les connaître, mais les équivalents de toutes les brands que je t'ai données plus tôt, il a fait la même chose en Europe. Et donc là, Decathlon, qui s'est installé ici, c'est un de nos gros clients. Decathlon, ce qui est génial, c'est qu'en France, ils en ont, je ne sais plus combien, des centaines. Et donc, en fait, quand on fait un, t'en fais toute la région, ta-ta-ta. Puis après, ils font des études. Les retailers, ils en font beaucoup plus souvent parce qu'ils ont les soldes, les promotions, etc. Et donc là, on a commencé à rentrer dans un vrai bon business récurrent avec des gros détaillants clients récurrents, avec de l'extension internationale et pareil sur les centres d'achat.
François Lanthier Nadeau: Puis là, on dirait que... J'ai réussi à faire un peu de preview. J'ai deviné ce que c'est seulement que je cherchais. À peu près, ça s'en allait où avec le premier pivot ? Non, j'ai deviné pourquoi il y avait besoin d'un pivot, la non-répétabilité des villes. Mais là, on dirait que j'ai de la misère à deviner le prochain pivot, pourquoi il arrive. Parce que je suis comme...
Rodolphe Barrere: Le dernier pivot, il vient de Wuhan, si tu veux un indice.
François Lanthier Nadeau: Ah oui, un laboratoire là-bas.
Rodolphe Barrere: Oui, exactement.
François Lanthier Nadeau: C'est un pivot pangolin.
Rodolphe Barrere: Un pivot pangolin, oui, exactement. Donc en fait, tout va bien. On lève une série A en 2019, mi-2019, une grosse série A. On a annoncé 13 ou 15 millions, je ne sais plus, avec Bright Spark. Et donc là, on dit, OK, on va devenir l'outil de référence pour tous les centres d'achat et tous les gros détaillants du monde entier. C'est parti, quoi. Real tech.
François Lanthier Nadeau: C'est peut-être après ta série A en 2019.
Rodolphe Barrere: Donc ça, c'est juillet 2019, série A. et donc là janvier pour te donner des chiffres parce que c'est intéressant Q1 2020 on fait 700 000 dollars de chiffre d'affaires et puis là pandémie quand même truc out of the blue à l'époque quand même donc fin mars 2020 et donc là tous nos clients qu'est-ce qu'ils font ? ils ferment littéralement et donc en fait on fait 700 000 à Q1 et à Q2 on fait 100 000 et puis là j'ai tout le monde qui m'appelle qui me dit qu'est-ce qu'on fait ? et puis là tout restait fermé et donc je me suis dit ok là on est on est C'est terminé, en fait. Je vends de la data pour des centres d'achat, pour interroger les shoppers, les consommateurs. Mais là, il n'y en a pas. Donc, en fait, ça ne marche plus du tout. Il n'y a plus rien qui fonctionne. Et donc là, on a amorcé le dernier pivot, qui était encore un peu un mélange de chance et d'opportunisme. En fait, on a, en décembre 2019, donc quelques mois avant la pandémie, on s'était fait approcher par un cabinet de conseil allemand qui s'appelle Rona Berger, un assez gros cabinet, qui nous a dit... votre technologie là, oui je sais que vous faites des cercles comme je t'ai expliqué, des zones de chalandise de 10 km ou 20 km est-ce que ce cercle là pourrait être un pays entier comme la France ? Et on avait dit bah je pense pas, mais bon on va essayer donc on avait essayé d'appliquer notre même technologie parce que là je te passe aussi, on avait développé une vraie technologie là, t'avais un dashboard analytics etc, c'est avec tout l'argent qu'on avait levé, on avait embauché plein de devs, on a fait vraiment une grosse plateforme tech là, c'est vrai qu'on l'a démarré et donc on se teste avec Rona Berger, et je me souviens très bien du premier test. Ils nous disent, notre client, c'est un distributeur de produits vietnamiens à destination des immigrés de première, deuxième, troisième génération vietnamiens en France. Est-ce que vous êtes capable d'aller me chercher un échantillon représentatif des immigrés vietnamiens en France de première, deuxième et troisième génération et de comprendre leurs habitudes alimentaires ? Et donc on dit, bon, regarde, on va te donner une chance au truc. On le fait et ça marche super bien. Et donc, on arrive à détailler, je te passe les stéréotypes, mais si quand tu es immigré vietnamien depuis la troisième génération, tu es passé au pain baguette, ou si tu es encore au NEM, et dans quelle proportion tu fais ça. Donc, on a fait ça et on s'est dit, OK, ça marche super bien. Donc, U2 2020, je dis avec mon associé, on dit à toute notre équipe, all in on consulting firms. Et donc là, on s'est mis à appeler.
François Lanthier Nadeau: Est-ce que, attends, attends, parce que là, le pivot était au niveau du ICP, l'Ideal Customer Profile, changeait. Mais la tech, elle n'avait pas nécessairement besoin d'avoir une espèce de rewrite ou de développer une chienne nouvelle feature. Elle était capable, la tech existante, de générer assez de valeur pour ce nouvel ICP-là ? Oui,
Rodolphe Barrere: exactement. Donc, la tech existante, en gros, la capacité d'aller interroger des gens selon des critères spécifiques et le tout sur un dashboard d'analytics, etc., ça fonctionnait. Il y avait quand même des trucs à changer. Tu sais, la homepage de la plateforme Potluck, à l'époque, c'était une croix avec ton commerce et les zones. Tout avait été pensé pour le faire autour d'un point géographique. Donc là, la géographie devenait secondaire, voire tertiaire. Et donc, on a commencé à le faire, évidemment, monopays, puis multipays, puis world. Maintenant, on interroge régulièrement des échantillons du monde entier sur les habitudes de voyage, etc. Et donc, c'est là que ça a fait ça. Et alors, pour reprendre mes chiffres, parce que c'était quand même assez intéressant, ce pivot, Q1 2020, on avait fait 700 000. Q2 2020, 100 000. Donc là, tout le monde m'appelle et me dit qu'est-ce qu'il va se passer. Q3 2020, 700 000. Donc, on revient à Q1 en ayant complètement changé la base de clientèle. Et Q4 2020, 1,8 million. Donc, en fait, le truc a explosé.
Participant 5: All in, let's go.
Rodolphe Barrere: Et depuis, on a fait all-in. Ça fait 4 ans maintenant qu'on est all-in sur cette verticale et que ça a explosé. On a fait x30 depuis.
François Lanthier Nadeau: Très hot.
Rodolphe Barrere: Donc, voilà. Et donc, ça, c'est le pivot actuel. Et puis, je te passe plein de détails. Déjà, j'ai l'impression d'avoir été très long, mais je... Ah non,
François Lanthier Nadeau: mais ne pense même pas à ça. Je veux dire, c'est tellement intéressant, même. Je ne comprends rien de ça. OK, parfait. Fait que là, tu décides-tu de fiouler... cette nouvelle stratégie-là avec d'autres capitales de risque ? Es-tu rendu à dire Ok, série B est sur l'horizon parce que là, j'ai besoin de nourrir ça. Est-ce que c'est pas mal ça ton next step une fois que tu te rends compte ?
Rodolphe Barrere: On a fait la série B. On l'a fait fin 2021, donc il y a trois ans maintenant.
François Lanthier Nadeau: C'est bon.
Rodolphe Barrere: Basée sur consulting et private equity. Pour être parfaitement honnête, en fait, on s'est mis à vendre plus à des détaillants, mais on vendait quand même encore à des marques. Donc, on a vendu à des... Je ne sais pas, au Québec, on vendait aux Biscuits Leclerc, tu vois, des marques comme ça, BMW, Marriott, Berger King, etc. Mais au niveau, pas forcément autour d'un point de vente. On vendait la techno de sondage. Et ça, on a complètement arrêté aussi. Pourquoi ? Parce qu'en fait, quand tu vends, je vais prendre les Biscuits Leclerc comme exemple, en fait, ils s'attendent à ce que derrière, tu fasses du conseil par-dessus. En fait, ils te disent, OK, doit-on se lancer ou pas au UK ? Je dis n'importe quoi. et puis donc tu fais toute l'analyse et puis à la fin ils s'attendent à ce que tu dises go, no go sous quelles conditions etc. Comme une firme de consultation comme une firme de consultation et donc ça j'ai voulu complètement éliminer donc ça c'est un pivot un micro pivot récent parce que c'est janvier 2024 donc c'est à 6 mois où on a décidé qu'on allait fournir de la data uniquement à des gens qui sont eux-mêmes le professional service parce que sinon nous fallait qu'on le fasse à l'interne Le private equity laisse-moi essayer de freestyler un petit peu c'est quoi le code d'utilisation de Puttlock moi
François Lanthier Nadeau: je suis un private equity Je veux acquérir des compagnies, je veux les roll up genre partager les ressources entre ces compagnies-là. Mais avant d'acquérir ces compagnies-là, je veux m'assurer qu'il y a des tendances macro puis des ventes d'eau qui vont pousser ces compagnies-là dans la bonne direction. Est-ce que je n'ai pas leur trajectoire de croissance ? Je ne suis pas mal sûr qu'elles vont continuer ou même accélérer, puis genre augmenter mon niveau de confiance dans les acquisitions que je fais. C'est-tu genre ça ?
Rodolphe Barrere: Donc, c'est principal. C'est petit. pas loin. Je ne suis pas loin,
François Lanthier Nadeau: je corrige mon freestyle.
Rodolphe Barrere: Donc, on fait 60% de notre business aujourd'hui, c'est des due diligence. Donc, en fait, compagnie A veut acheter compagnie B, compagnie A pouvant être un fonds de private equity ou un client d'une grosse firme de conseil. Et donc, là, dans une revue diligente, traduction de due diligence, ils font ce qu'on appelle une commercial due diligence où là, ils vont interroger des clients et des non-clients de cette marque pour voir ce que les gens en pensent, quelles sont les opportunités de marché, etc. Donc, en fait, pour sizer un marché, tu vois, si toi, quelqu'un voulait racheter ton podcast, il sizerait le marché du podcast québécois. Oui.
François Lanthier Nadeau: Pas à vendre. Pas à vendre, c'est bon.
Rodolphe Barrere: C'est pas bien.
François Lanthier Nadeau: OK, c'est trop hot, man. Là, ma prochaine question est au niveau de la donnée. Parce que là, toi, tu collectes, je veux dire, génères de la nouvelle donnée, à la limite, avec toutes les questions que tu poses, les sondages que tu envoies via les réseaux sociaux et autres. Tu l'entreposes, cette donnée-là. Ensuite, tu dois la nettoyer, la manipuler. Puis ensuite, tu la valorises, right ? Tu l'envoies dans des dashboards, tu l'envoies à des gros comptes qui payent pour ça. C'est-tu comme... Y a-t-il des aspects tricky ou genre risqués à gérer autant de données ? Ça t'a-tu créé des casse-têtes ? Y a-t-il une histoire là ou comme pas tant ?
Rodolphe Barrere: Si, si, si. Bon, c'est nous, c'est du... On est dans le data collection business. C'est quand même ça, notre business. Donc... Donc tous ces sujets à la fois sont complexes et importants. Donc data privacy chez nous, c'est très important. Donc je te donne plein d'exemples. Est-ce qu'on peut récupérer de la donnée pour interroger des mineurs ? Est-ce que je peux récupérer de la donnée ? Tout est déclaratif. Moi, je pose des questions aux gens et les gens décident ou pas de répondre. Ce n'est pas de la donnée secondaire. Ce n'est pas à Cambridge Analytica où tu vas aller prendre de la donnée. secondaire, c'est-à-dire de la donnée où t'observes les gens. Moi, je te pose une question, si t'es pas content, tu fermes la page et tu réponds pas au sondage. Mais est-ce qu'on a le droit de poser des questions des mineurs ? Est-ce qu'on a le droit de poser des questions de santé ? Est-ce que j'ai le droit de savoir ton groupe sanguin ? À quel point j'ai le droit de savoir tes informations personnelles ? Donc il y a tout un enjeu sur la privacy des données. Ensuite, on travaille dans plein de pays. qui ne respectent pas forcément des chartes. C'est pas tout le monde qui a un GDPR. Voilà, donc quand tu vas en Arabie Saoudite, en fait, toute la donnée que tu récoltes à propos de résidence saoudienne appartient au gouvernement saoudien. Donc, aussi. Donc, en fait, tu as plein de règles comme ça à l'international qui sont quand même assez complexes. Je ne te parle pas des risques de hacking, etc. Nous, on a une stack de sécurité. J'ai une équipe de Data Privacy et IT Security qui est très, très, très avancée pour s'assurer qu'on ne puisse pas se faire hacker. Et la dernière partie qui est celle sur laquelle on fait le plus d'efforts au quotidien, c'est la partie fraude. Donc, en fait, dans les pays Asie du Sud-Est, l'Inde, le Pakistan, etc., tu as énormément de gens qui gagnent leur vie en fraudant le système. Donc, en fait, imagine que là, je fais un sondage sur les CFO américains de compagnies publiques. Pour répondre à un sondage, il faut que je les paye genre 100 dollars. Parce que ces gens-là, franchement, répondent à un sondage de 10 minutes. Si c'est moins de 100 US, ils ne vont pas le faire. Donc là, tu mets un lien public sur Internet où, en fait, n'importe qui qui répond correctement à toutes les questions de passage, à la fin, gagne 100 US. T'imagines, toi, la seconde où on publie ça, en fait, le lien, il est sur des books Telegram dans lesquels je suis également, de Fraudster à l'international, avec tous les mecs qui se partagent toutes les questions de... Tu vois, et donc, ils savent très bien utiliser des VPN. Ils sont très malins. Ils savent très bien utiliser des VPN. Ils savent très bien chat GPT. Moi, c'est a blessing and a curse parce que a curse, parce qu'en fait, les verbatims, c'est-à-dire les questions ouvertes, Tu faisais souvent la différence entre un vrai et un faux. Maintenant, je te génère des piles et des piles de bullshit faciles, etc. Donc, on a un niveau de data cleaning et data security au niveau des sondages qui est énorme.
François Lanthier Nadeau: Ça doit être insane.
Rodolphe Barrere: C'est insane. Donc, pour s'assurer que, un, les gens qui répondent sont les vrais gens, et deux, qu'ils ont répondu en faisant attention. Parce qu'à la fin, tu peux dire, ça fait trois minutes que je réponds à tes questions, là, maintenant, je ne fais que réponse A, A, A, A, A. Ça s'appelle les straightliners. Ou tu as les speeders, les gens qui répondent en deux minutes à un questionnaire de huit minutes. Ou tu fais des coherence checks, donc je te pose la même question deux fois différemment, je vois si tu réponds la même chose. On a un nombre de trucs comme ça, t'as pas le choix.
François Lanthier Nadeau: C'est ça. Sinon, genre, si 20, 30, 40 de la data que tu me donnes comme firme de PI ou de consultation est tachée ou est comme pas legit, ça me sert à rien. Donc,
Rodolphe Barrere: on est dans une industrie qui est... Donc là, pareil, tu peux me starter là-dessus, je peux parler pendant des heures, mais on est dans une industrie, donc l'industrie du sondage, l'industrie du market research, c'est 100 milliards. L'industrie du sondage, donc primary research. c'est 70 milliards. OK. OK,
François Lanthier Nadeau: le delta, c'est quoi ? C'est le secondary research. L'observation, comme on parlait.
Rodolphe Barrere: C'est de la data qui existe, que tu observes. C'est du social listening, des trucs comme ça. OK. Donc, 70 milliards de primary research. Nous, on estime à l'interne que tu as à peu près 50% de ça qui est de la fraude. Donc, on parle d'une fraude de milliards de dollars. Donc, il y a beaucoup de gens qui vivent très, très bien de la fraude dans le sondage. Et donc, moi, j'ai beaucoup de mes concurrents qui sont partis en faillite, quoi. À cause de ça. Donc nous, si tu veux, chez Potluck, depuis jour 1, on a dit, moi, je suis prêt à parier ma maison que chacun des répondants que je te donne, toi, client, c'est un vrai répondant qui a vraiment répondu en faisant attention à toutes les questions. Et donc, on est plus cher, évidemment. Ça, c'est la dernière partie.
François Lanthier Nadeau: Ça veut dire que maintenant, dans tes OPEX, genre tes salaires, tu dois avoir cybersécurité ou genre gestion de data, ça doit être un gros poste.
Rodolphe Barrere: Oui, on a une énorme équipe en data engineering. privacy,
François Lanthier Nadeau: IT. Pour le côté data privacy, t'as-tu littéralement des avocats sur le staff ?
Rodolphe Barrere: Oui, bien sûr.
François Lanthier Nadeau: Temps plein pour Potluck.
Rodolphe Barrere: Sur data privacy. C'est un big deal pour nous. Exact.
François Lanthier Nadeau: J'ai l'impression que c'est existentiel. Ok, cool. Alright folks, break de 30 secondes pour vous parler de notre partenaire certifié, le Chiffre, a.k.a. le bras droit de l'entrepreneur tech. C'est une firme comptable, moderne, tech-enabled. qui organisent et opèrent toute votre fonction finance. Comptabilité cloud, pay, fiscalité, check. C'est des vétérans du SaaS, qui accompagnent aussi votre croissance. Prévisions, planification financière, aide aux subventions et financement. Ils ont aidé des SaaS bootstrapped, funded, et plusieurs qui ont exit. Donc, peu importe votre étape de croissance, faire affaire avec le chiffre, c'est comme ajouter un vétéran à votre team la veille des séries. Il vous aide à gagner la game, peu importe l'objectif, que ce soit des grosses transactions, acquisitions ou du financement. Leurs conseillers vont se parquer devant votre but et ne pas en laisser passer une. C'est The Real MVP. Check out leur entrevue sur saspace.com slash partenaire avec un S slash L-E, très union, chiffre, ou sur notre YouTube. OK ? De retour au pod. Qu'est-ce qui... T'as quand même parlé de compétition, ça fait que ça a quand même mis la puce à l'oreille, mais mettons que je suis la firme de Private Equity ou la boîte de consultation plus plus plus, puis je veux régler le problème de... identifier des tendances pour justifier une transaction, mettons. Si Potluck n'existe pas, comment est-ce que je règle ce problème ? Soit avant que vous existiez ou il y a-t-il beaucoup de compétition ?
Rodolphe Barrere: Oui, on a quand même de la compétition. On a plutôt de la chance de ne pas avoir beaucoup de compétition moderne. On s'attaque à une industrie qui n'est pas sexy de base. Parce que le sondage, le réflexe des gens, c'est de rouler des yeux. Moi, c'est un autre truc que j'aime bien. Tu vas m'attaquer à un truc vraiment pas sexy et puis devenir un pro du truc. Donc, il y a des solutions alternatives de marché. En gros, quand tu es consultant aujourd'hui, Tu vas créer ton questionnaire toi-même que tu vas scripter sur une plateforme de questionnaire scripting. Donc là, tu en as plein. Ensuite, il faut que tu ailles voir un autre provider qui est souvent, c'est ce qu'on appelle des panels consommateurs. Donc, tu vas essayer de trouver des panels consommateurs à peu près fiables pour qu'ils vont te donner la matière brute. Et ensuite, tu vas cruncher la data dans Excel en oubliant pour la majorité des cas, les tests de student et de key carré qui sont des tests statistiques de base pour justifier, etc. Donc en fait, c'est complètement... Tu as un outil pour créer ton question. Ensuite, tu essaies d'envoyer ça à des panels complètement random en essayant d'avoir assez de répondants. Et ensuite, tu fais du data slicing and dicing sur Excel. Tu n'as pas une plateforme de AZ où tu crées ton question. Tu as l'entièreté des sources, d'où viennent les répondants, etc. Et en plus, tu as la partie analytique. Il n'y a pas une seule plateforme qui fait ça.
François Lanthier Nadeau: Got it. Je veux faire un pivot sur ta carrière à toi, d'un point de vue plus individuel, parce que là... T'es passé carrément de l'étudiant bootstrappé, fondé sur les subventions, littéralement qui demande à des gens dans lui, Viens pèser sur cet iPad-là pour me donner de la donnée que moi, je vais aller vendre. Mais qui va te bénéficier à toi aussi. Je suis CEO, on a levé d'un scale-up. C'est plus juste une startup, je pense. Je sais pas, tu te définis-tu de même ? Oui,
Rodolphe Barrere: scale-up, c'est bien. Scale-up, c'est bien,
François Lanthier Nadeau: cool. Le CEO d'un scale-up, levé presque 100 millions. Vous êtes combien d'employés dans le staff ? 200. 200 employés. Vous avez des gros clients partout dans le monde, etc. Ton quotidien doit être violemment différent des OG, tes histoires d'origine sur Montréal que tu parlais. Fait que, qu'est-ce qui a été... Comment je vais le cadrer ? Qu'est-ce qui te manque le plus des 3-4 premières années ? Puis qu'est-ce que t'aimes le plus des nouvelles années ?
Rodolphe Barrere: Donc, moi j'ai un... C'est une bonne question. Donc, ma vie aujourd'hui, c'est un agenda très chargé. Ça résume assez bien. Donc, dans une journée type, je vais faire, je ne sais pas, peut-être 17 minutes, 17 meetings back-to-back de 30 minutes, tu vois, un truc comme ça. J'ai vraiment l'impression de mettre la tête dans une machine à laver et de sortir de là en fin de journée épuisé. Et j'essaie d'avoir un peu de bande passante mentale pour passer du temps avec mes bientôt deux enfants, parce que ma femme est enceinte de 8 mois et demi du deuxième. et puis de faire un peu sport mais donc vraiment c'est très très parce qu'en fait moi je suis un opérateur donc je suis pas du tout je suis pas du tout dans ma tour d'ivoire à donner des grands ordres etc moi je suis au quotidien dans les problèmes du quotidien c'est ça que j'aime moi j'aime bien mettre les mains dedans à partir du moment où j'ai pas les mains dans le je suis pas hands on je me sens useless enfin ça m'intéresse pas du tout je on prend le temps de réfléchir de temps en temps mais je fais pas de la grande stratégie tous les jours je suis vraiment dans les problèmes Et donc, moi, ma job, en gros, c'est de résoudre les problèmes que tous les niveaux de hiérarchie en dessous de moi, et j'ai des gens très intelligents en dessous de moi, n'ont pas réussi à résoudre. C'est des gros feux. Je dois avoir 4 à 5, de temps en temps plus, niveaux de hiérarchie en dessous de moi. Et donc, en fait, ils sont tous empowered et intelligents et formés pour résoudre des problèmes. Et donc, en fait, quand le truc remonte, remonte, remonte, remonte et arrive sur mon bureau, c'est que c'est un problème que mon VP, je ne sais pas quoi, n'a pas réussi à résoudre. Et donc, c'est des vraies merdes. et donc ça j'en gère j'en gère une dizaine par semaine des vrais mais ça te motive ça ça j'adore genre parce que t'as dit que l'adversité ça t'a frotté le nez là-dessus fait que ok donc ça c'est mon truc d'aujourd'hui donc en fait ce que j'aime aujourd'hui c'est le challenge intellectuel des problèmes parce que je dois résoudre des problèmes que des gens très intelligents n'ont pas réussi à résoudre donc ça ça me drive ce qui me manque c'est la la paix d'esprit et la naïveté que j'avais dans mes jeunes années. Parce que là, les problèmes, tu ne les résous pas. Évidemment, je ne les résous pas en une minute. Je ne suis pas un génie. Donc, en fait, il faut que je réfléchisse. Il faut que j'aille interroger des gens. Il faut que je fasse du problem solving, complexe problem solving. Et donc, en fait, ces problèmes, j'appelle ça mes singes, moi. Je les ai sur mes épaules. Je vais me doucher avec et je me promène avec. Et donc, j'ai en permanence, si tu veux, mes 10, 15 problèmes qui roulent dans la tête. Au fur et à mesure, j'arrive à les résoudre et tout. Mais je les ai tout le temps avec moi. Ça, c'est ce qui me manque le plus, c'est la paix d'esprit que j'avais.
François Lanthier Nadeau: C'est une excellente réponse. Est-ce que les singes, tu réussis à les faire taire via sport ou juste quand tu dors ? Tu comprends ce que je veux dire ? Comment tu fais pour déconnecter un peu ?
Rodolphe Barrere: Ça a été un problème quand la business a commencé vraiment à scaler les deux, trois premières années où là, vraiment, je n'arrivais pas du tout à m'en débarrasser tout le temps. Et en fait, maintenant, j'étais tellement habitué à avoir des gros problèmes. Des gros problèmes. Enfin, de gestionnaire, toute chose étant relative. que maintenant, c'est mon day-to-day. Donc, il y a un nouveau problème qui arrive. C'est juste un autre one.
François Lanthier Nadeau: T'as comme le muscle développé de jongler avec des problèmes critiques.
Rodolphe Barrere: Ouais. Donc, je sais qu'il y a... Tu vois, ça serait... Pour une personne non initiée, mon métier est horrible parce qu'en fait, tu ne fais... Mais bon, en fait, quand t'es sur le 911 pendant 10 ans, à la fin des trucs, il n'y a plus rien qui te surprend, tu vois. Moi, c'est un peu ça. Moi, il n'y a plus rien qui me surprend.
François Lanthier Nadeau: Ah ouais ? C'est un gros statement.
Rodolphe Barrere: Non, mais dans mon business. Ouais, OK. C'est rare, sont les...
François Lanthier Nadeau: Non,
Rodolphe Barrere: mais... Non, mais ce que je veux dire, c'est peut-être que je ne veux pas que ça sonne prétentieux. Il n'y a aucune prétention. Mais en fait, j'ai tellement géré de problèmes compliqués et chiants dans les dernières années que maintenant, le nouveau problème que j'ai, il est rarement plus compliqué que la somme des précédents.
François Lanthier Nadeau: Je comprends.
Rodolphe Barrere: Voilà, c'est juste another one.
François Lanthier Nadeau: And another one. Qu'est-ce qui est le plus tough à propos de travailler avec toi ?
Rodolphe Barrere: Ce qui est dur, c'est que moi, je suis très exigeant. Je suis très exigeant.
François Lanthier Nadeau: Par rapport aux résultats ?
Rodolphe Barrere: Je suis très exigeant par rapport à tout. Je pense que c'est... Il faudrait demander aux gens qui me reportent. Mais je pense que c'est dur de me reporter parce que j'ai un degré d'exigence très élevé sur tout. Donc, je ne tolère aucunement la... Pas la médiocrité, ça serait trop fort, mais la moyenne dans aucune sphère de l'entreprise ne me convient. Good enough, ce n'est pas bon pour moi. Good enough, c'est bad.
François Lanthier Nadeau: Parfait.
Rodolphe Barrere: Donc, pour moi, on doit être outstanding. Chez Potluck, on a 36 practices. Donc, ça, c'est beaucoup. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ce que j'appelle une practice, c'est j'ai legal, sales engineer, product design, blablabla.
François Lanthier Nadeau: Un peu comme des départements. Des départements,
Rodolphe Barrere: ouais. J'en ai 36. C'est beaucoup. C'est beaucoup, mais en fait, c'est HR, talent, learning and development.
François Lanthier Nadeau: Ah ouais.
Rodolphe Barrere: T'en as plein, quoi. Accounting, account payable, account receivable. OK,
François Lanthier Nadeau: mais il y a quand même une certaine granularité.
Rodolphe Barrere: C'est ça, on appelle ça des practices. C'est bon. Donc, c'est des métiers. Donc, voilà. Et je veux qu'on soit les meilleurs dans ces 36 métiers-là. Je veux pouvoir donner une conférence sur le accounting ou le FPNA de chez Potluck, parce qu'on est meilleur que la majorité des entreprises dans ce sous-domaine-là.
François Lanthier Nadeau: Pourquoi t'es de même, tu penses ?
Rodolphe Barrere: J'aime bien l'excellence opérationnelle. Et mon associé, on partage ça aussi. On aime bien l'excellence opérationnelle. Donc, mon associé est encore pire que moi. Il ne peut pas tolérer une mauvaise mise en page dans un Excel. Moi, je ne tolère pas la moindre faute d'orthographe, la moindre faute même de communication, ou un manque d'empathie, ou une erreur de leadership. Je sanctionne très durement, très vite, tu vois. OK. Donc, je pense que c'est dur. Et en même temps, je sanctionne. Je soulève parce que j'aime bien que les gens apprennent de leurs erreurs. et moi le premier mais voilà je pense que Louis comme moi on a un niveau d'exigence très élevé pour les gens qui nous entourent et donc c'est cool parce que les gens ils savent que chez nous c'est Ivy League tu vois c'est A players want to play with A players tu vois chez nous chez Potluck il n'y a pas beaucoup de place pour des joueurs moyens ok
François Lanthier Nadeau: est-ce que j'imagine que tu te tiens au même standard moi je me tiens au même standard mais moi je me trouve nul ok
Rodolphe Barrere: Je me trouve très régulièrement en dessous. Je suis très dur avec moi-même.
François Lanthier Nadeau: OK. Est-ce que c'est facile de te donner du feedback constructif sur un truc que tu as foiré peut-être ?
Rodolphe Barrere: Oui. Alors, c'est intéressant parce que... Ça, c'est intéressant. Moi, je donne beaucoup de feedback constructif. C'est toujours constructif. On a 12 leadership principles chez Potluck. Il y en a un, c'est Constructive Feedback is a Gift. Donc, ça veut dire... C'est génial. En fait, si je prends le temps de te donner du feedback, c'est parce que je... I care et je veux que tu progresses, etc.
François Lanthier Nadeau: Le problème avec le feedback constructif, c'est souvent un problème de perception. Parce que c'est rarement de la mauvaise foi, c'est souvent de la bonne foi. Puis si tu prends le temps de l'appliquer ou de le considérer, c'est genre un net positif. Puis la majorité du temps, le monde ne va pas prendre le temps de te le donner.
Rodolphe Barrere: Oui, oui, bien sûr.
François Lanthier Nadeau: Je comprends ce que tu dis.
Rodolphe Barrere: Donc, le feedback is a gift. Après, il faut éviter les espèces de shit sandwich classiques, genre merci beaucoup. Juste ça, ça serait bien, mais t'es super. Tu vois ? donc t'as plein de façons donc nous on apprend beaucoup à donner du feedback et chez Potluck on est très proactif dans la demande de feedback donc ouais moi je me fais, dès que j'évalue mes propres emplois je me fais évaluer avec donc j'ai du top down évaluation est-ce que c'est facile de donner du feedback constructif à toi ? je pense que, j'espère que oui tous les employés de Rodolphe vous pouvez me DM ouais bien sûr non non mais je si tu veux quand t'es chef d'entreprise de 200 personnes t'as toujours des gens qui sont pas contents merci Donc moi, par exemple, je fais des one-to-one avec tous les employés en tout temps. Donc je vois tous les employés. Tous les employés.
François Lanthier Nadeau: Tous les employés.
Rodolphe Barrere: Tous les employés, sans exception.
François Lanthier Nadeau: C'est pour ça que tu as 7 meetings par jour, même.
Rodolphe Barrere: Notamment. Et donc, qu'ils me disent que tout va bien, ça ne m'intéresse pas, en fait. Je sais qu'il y a plein de trucs qui vont bien. Je sais qu'on a une belle culture, etc. Mais je leur dis, bon, vas-y. J'ai plein de... À l'interne, ils se moquent de moi parce que j'ai toujours les mêmes structures pour les enclencher sur du feedback un peu constructif. Je leur dis, OK, si tu avais une baguette magique, tu ferais quoi ? Si t'étais à ma place, qu'est-ce que tu ferais ? C'est quoi les frustrations ? Et donc je cherche la merde partout, et je la trouve tout le temps. Mais c'est vrai, quand tu grattes, tu trouves, tu vois. Alors tu parlais des différences culturelles tout à l'heure, t'as les Américains qui vont dire amazing, amazing, amazing, mais au cinquième amazing, tu dis bon, maintenant tell me what's not amazing.
Participant 6: Là,
Rodolphe Barrere: tu l'as. Les Français, ils vont jamais te dire amazing, ils vont tout de suite te dire ce qui va pas, et à la fin, ils vont dire, mais by the way, c'est amazing. Donc t'as des différences culturelles sur la façon de donner du feedback, mais globalement, les gens ont toujours un degré de satisfaction et des trucs qui les rendent insatisfaits. Et donc moi, ça m'intéresse beaucoup, parce que ce qui les rend insatisfaits, comme ils sont intelligents, souvent, c'est souvent ma to-do list. des trucs je comprends et donc soit c'est déjà dans mon roadster de projet stratégique qu'on est en train de mettre en place et dans ce cas là tout va bien je leur dis regarde t'inquiète pas comme on va restructurer ici ça va mieux aller soit je me dis ok donc là c'est intéressant c'est quand même la troisième personne qui me mentionne que la collaboration entre les sales engineers oversee sur les deals américains à cause du time zone donc je pense que dans ma restructure d'équipe il faudrait que j'assure qu'il y ait de la présence en time zone et donc voilà c'est ce que je fais au quotidien donc je cherche la merde tout le temps donc les gens me donnent du harsh feedback j'adore
François Lanthier Nadeau: C'est vraiment intéressant, Doud. Tu te rappelles, quand tu me contais les débuts, début, pot-là, que tu me disais psychologiquement, il y avait une forme de support autour de moi dans la forme d'un groupe d'amis entrepreneurs qui se cassaient un peu les dents sur l'entrepreneuriat, un peu comme moi. Aujourd'hui, est-ce qu'il y a une forme de support, un groupe similaire ? Qui t'entoure, Jean ?
Rodolphe Barrere: Donc, moi, parce que j'ai... Non, j'ai moins ça, mais c'est mon associé. Honnêtement, mon associé et moi, on fait une heure de call par jour. Toujours. On s'appelle toujours. Là maintenant, il est à New York, donc on s'appelle en fin de journée. Mais avant, il était en France, donc on s'appelait tôt le matin pour moi. Et donc tous les jours, on règle des problèmes à deux. En fait, on prend toutes les décisions de la boîte à deux. C'est nos deux cerveaux qui font qu'on est bon. Tout seul, on n'est pas bon. Lui, il a des blind spots énormes. Moi, j'ai des blind spots énormes, etc. Et donc, en fait, on se lisse toute la journée. On s'envoie des bullet points dans Clac. Clac, Et le soir, on se dit, OK, on a 15 bullet points, 15 décisions. C'est parti. Question 1, qu'est-ce qu'on fait du podcast de François ? On s'engueule, on s'engueule et hop, on prend une décision. Point 2, etc., etc. Donc, en fait, on fait tous les jours, on prend des décisions comme ça. En fait, on en prend tellement qu'on s'en fout d'avoir raison ou tort. On essaie juste de prendre les meilleures décisions le plus rapidement possible. Ce que j'écris souvent à mes leaders, c'est que les gens opposent une bonne décision à une mauvaise décision. Et moi, je ne suis pas d'accord. Pour moi, l'ennemi d'une bonne décision, c'est surtout une décision lente. Et donc... Donc moi, je dis, nous, on prend des décisions good or bad. Par contre, on les prend super vite. Dans la journée, on prend 15 décisions. Et donc, à la fin de ce call de 45 minutes, il reste 15 minutes. Et Louis et moi, on envoie des slacks et des emails à toutes les équipes. Ça, on a décidé, on va à gauche. Ça, on a décidé, on va à droite. Ça, on a décidé, on fait. Ça, on a décidé, on ne fait pas. Clac, clac, clac, clac, clac. Et on va super vite. On prend des mauvaises décisions. On prend des mauvaises décisions, évidemment. On prend des mauvaises décisions, mais ce n'est pas grave. Parce qu'en fait, tu as les revolving doors. Donc, tu as les décisions sur les non-revolving doors, c'est-à-dire les décisions une fois que... Par exemple, licencier quelqu'un, une fois que tu as licencié,
François Lanthier Nadeau: c'est difficile de revenir. Je suis content que tu mettes l'astérisque ici. C'est-à-dire qu'il y a des décisions qui sont existentielles.
Rodolphe Barrere: Oui, bien sûr, il y a des décisions existentielles. Donc ça, on prend du temps, on fait des founders of site, etc. Mais tous les mois...
François Lanthier Nadeau: L'opérationnel, comme un peu.
Rodolphe Barrere: L'opérationnel, on décide tous les jours, on rend des décisions très, très rapidement. Et donc, on se fait du support moral parce qu'en fait, mon associé comme moi, on se fait régulièrement... Enfin, tu vois... corner, pour le dire gentiment, par des employés, des clients, des investisseurs. T'as toujours des gens pour te mettre des petits coups dans les côtes. Et donc, on se soutient moralement les deux. Donc vraiment, à deux, là, ça va bien.
François Lanthier Nadeau: C'est malade. Moi, je trouve ça beau aussi de voir qu'une amitié perdure à travers l'hypercroissance d'une compagnie. C'est très cool, man. J'aimerais ça un jour le rencontrer, Louis. Y a-tu... À ton niveau, mettons, y'a-tu des coachs ou des thérapeutes, y'a-tu des ressources autres que Louis ? Ou c'est pas mal ça ?
Rodolphe Barrere: Non, c'est pas mal ça, mais je suis... Tu sais, moi, c'est Don't fix what's not broken Moi, je vais bien. J'adore mon métier. Je suis vraiment sur mon X. Moi, j'ai le bon métier par rapport à mon skill set. J'ai plein d'énergie. Parfait. J'aime bien l'idée des gens. Donc, en fait... Effectivement, je comprends que des coachs de vie ou des thérapeutes, etc. Mais moi, je n'ai vraiment pas besoin de ça. Je me sens vraiment très bien. Et je me dis vivement que je gère des problèmes plus compliqués que ceux d'aujourd'hui. En fait, le futur, moi, je suis un éternel optimiste, le futur a l'air encore plus beau que le présent.
François Lanthier Nadeau: Est-ce qu'il y a d'autres fondateurs ou peut-être même des investisseurs qui t'admirent maintenant ?
Rodolphe Barrere: Ouais, plein. Honnêtement...
François Lanthier Nadeau: T'as une relation avec eux, mettons ?
Rodolphe Barrere: Ouais, plein. Déjà au Québec, même en France, ou même à New York, maintenant, on connaît plein de nos pères. Ouais, ouais.
François Lanthier Nadeau: Mais t'es pas sur une base, mettons, de mastermind, où genre, se rencontrer régulièrement, nécessairement.
Rodolphe Barrere: Je fais partie, je te dis ça, mais je fais partie de plein de groupes et de certains entrepreneurs. Mais je trouve que c'est beaucoup plus intéressant pour le support technique que pour le support moral, en fait. C'est comment tu construis, comment tu scales une équipe de Customer Success à l'international, comment tu travailles sur ton organigramme d'équipe technique. Moi, c'est ces sujets-là qui me font... En fait, ma personne, mon cas à moi personnel, ne m'intéresse pas beaucoup. Moi, je me mets au service de ma création. Ma création, ça m'intéresse. Mais moi... Bon, tu vois, je ne suis pas un sujet d'intérêt de moi-même, tu vois. Intéressant. Donc, oui, pas mal de cercles d'entrepreneurs, ça, c'est certain. Et après, un truc que je n'ai pas mentionné, c'est les livres, les lectures, les critiques. Oui, oui, j'ai lu à peu près tous les livres de business que tu peux imaginer, où j'exagère un peu, mais pas loin.
François Lanthier Nadeau: Est-ce qu'il y a audiobook ou livre ? Non, non,
Rodolphe Barrere: audiobook, je suis nul. Podcast, audiobook. Oui, c'est vrai,
François Lanthier Nadeau: tu n'es pas un fan d'un podcast. Oui. Oui, c'est vrai. Penses-tu que tu vas réécouter celui-là ?
Rodolphe Barrere: C'est sûr que non. Mais je n'ai jamais réécouté un seul podcast. Déjà, m'écouter parler pendant une heure, déjà, moi-même, je me fatigue. Et franchement, me réécouter moi-même dire ça, jamais.
François Lanthier Nadeau: C'est bon.
Rodolphe Barrere: Je vais peut-être le poster sur LinkedIn, mais je vais écrire que je le réécoute là-bas.
François Lanthier Nadeau: Oui, tu vas le poster sur LinkedIn. OK, Doud j'ai le goût qu'on parle un petit peu du financement. Est-ce qu'une levée de financement, ça prend la majorité du temps ? temps d'un CEO quand c'est en cours ?
Rodolphe Barrere: Donc, on en a fait beaucoup. On en a fait 6. La dernière fois, j'ai compté 97 millions. Donc, beaucoup d'argent, beaucoup de levées de fonds, beaucoup de fonds. Il n'y en a aucun plus. Donc, on en a fait beaucoup. Donc oui, ça prend du temps. Néanmoins, plus on grandit, plus ça scale. Donc, en fait, ça... Aujourd'hui, j'ai un très bon CFO. Avant, je n'avais pas un très bon CFO. Ce n'est pas que je n'avais pas un très bon CFO, mais j'avais un CFO qui avait moins d'expérience à faire. Je l'ai trouvé qu'aujourd'hui. Aujourd'hui, la compagnie est assez riche pour se permettre potentiellement de prendre ce qu'on appelle des IB, des Investissement Bankers, qui sont en gros des leveurs de fonds, qui prennent un fee, etc.
Participant 5: Des middlemen de qualité pour le capital.
Rodolphe Barrere: Et puis aussi, comme je commence tranquillement à travailler sur ma septième levée de fonds, une fois que ça fait sept fois que tu l'as fait, tu commences à connaître comment ça fonctionne. Donc, tu as ton cabinet d'avocat attitré, tu sais le rythme des trucs, etc. Donc, je veux dire que oui, ça prend du temps, mais quasiment de moins en moins.
François Lanthier Nadeau: Parce que tu as plus de ressources et d'expérience. D'expérience, oui, c'est bien dit. OK, cool. Est-ce que, mettons, tu te positionnes comme un founder qui s'apprête à lever sa série A ou elle s'apprête à lever sa série A, y a-t-il des trucs que tu pourrais donner pour genre... Comment tu sélectionnes tes investisseurs ? Mettons que tu n'es pas sur le gouffre, tu n'es pas sur le bord de mourir, tu vas prendre le premier chèque qui arrive. Y a-t-il des choses que tu cherches chez des investisseurs à part le capital, mettons ? Je ne connais rien dans ce monde-là, ça m'intéresse de voir.
Rodolphe Barrere: Oui, c'est une question qui est très large.
François Lanthier Nadeau: Au large, veux-tu qu'on l'apprécie ?
Rodolphe Barrere: Non, je peux. Tu ne peux pas voir dans ma job,
François Lanthier Nadeau: c'est ça ?
Rodolphe Barrere: J'essaie de répondre. Je te donnerai des constructifs feedbacks à la fin. Donc, oui, évidemment. Pourquoi ? Parce qu'en fait... Tu lèves ta première levée de fonds, ensuite, tu as un board, et puis en fait, en tant que CEO, tu reportes au board. Donc moi, mon boss, c'est un consortium de cinq personnes, dont Marie-Michelle Caron, qu'on a mentionné tout à l'heure, et je reporte au board. En fait, je pourrais quasiment, je ne sais même pas aujourd'hui, mais j'exagère un peu, mais me faire virer de ma propre compagnie en tant que CEO. Je pourrais rester founder, actionnaire, chairman, mais en tant qu'opérateur, tu peux quand même te faire virer. Donc tu dois des comptes à des gens. Donc en fait, c'est un peu choose your boss. Donc en fait, choose your boss, donc la question, elle est large. Choose your boss. Tu veux quoi ? En fonction de à qui tu as envie de reporter, c'est un peu ça, choisir son investisseur.
François Lanthier Nadeau: Ok, intéressant.
Rodolphe Barrere: Donc, très, très important. Moi, j'ai des super bons investisseurs. Honnêtement, je vais juste prendre une firme de Montréal, à moitié à Toronto comme exemple, qui s'appelle Bright Spark. Bright Spark, ils ont leadé notre série A en 2019. Ça fait 4 ans qu'ils sont au capital. Franchement, on est passé par des up and down. Ils sont rentrés sur le pivot numéro 4 et un jour, j'aurais dit ne vous inquiétez pas, on va... tout vendre aux consulting firms. Ils ont dit aux consulting firms, mais nous, on a investi sur du retail. Ça n'a rien à voir. J'aurais dit, ne vous inquiétez pas, etc. Et donc, en fait, quand tu choisis bien tes investisseurs, je prends Bright mais j'en ai neuf autres qui sont de très bonne qualité également. En fait, c'est des partenaires d'affaires. Ce que tu ne veux pas, c'est quand ça devient dur qu'ils commencent à te tirer dans les jambes. Mais bon, en même temps, eux, leur job, c'est d'acheter un asset X et de le revendre 10X. Donc ils essayent de valoriser tout ça. Mais donc voilà, c'est très, très, très, très important. La réponse bateau à ta question, c'est aussi choisir la personne. Bateau,
François Lanthier Nadeau: ça veut dire quoi ? Bateau.
Rodolphe Barrere: Pass je crois. Basic boilerplate de ta question. C'est, tu ne choisis pas un fond, tu choisis une personne. Mais moi, je rajoute un énorme modulo à ça, un énorme astérix. C'est qu'en fait, notamment quand tu travailles avec des institutionnels, tu as un roulement dans tes gestionnaires de comptes. Donc, Maxime Courchene, avec qui je travaille depuis plusieurs années chez Investissement Québec, à la base, ce n'est pas lui qui a fait le deal, c'est quelqu'un d'autre. Et là, c'est lui qui arrive. Voilà, donc là, c'est lui qui arrive. Donc, chez les institutionnels, on a beaucoup ça au Québec et au Canada, et c'est super. franchement c'est super les institutionnels qu'on a on pourra en parler plus tard si tu veux mais mais en gros en revanche dans les institutionnels t'es pas avec un managing partner comme t'as chez dans un fonds privé comme Bright ou Tassin et là c'est la même personne qui reste parce que le gars il a mis son argent perso à lui dans le fond il a du carry et il doit rester jusqu'au bout donc
François Lanthier Nadeau: voilà ok j'ai le goût de descendre dans le tactique puis le pratique ouais vas-y côté deck, mettons, pitch deck, as-tu des pro-tips, des conseils à donner ? Est-ce que c'est quelque chose que tu as le temps de parler un peu ?
Rodolphe Barrere: J'avais quand même développé une bonne pratique de comment monter des bons decks, de lever de fond. Écoute, le truc le plus important à dire, c'est la posture. Moi, l'erreur que je vois le plus...
François Lanthier Nadeau: Physiquement ?
Rodolphe Barrere: Non, non, non, la posture de... Comment tu pitches ? Donc moi, je suis investisseur aussi. Et maintenant, j'ai investi dans une quinzaine de startups. Et puis,
François Lanthier Nadeau: je suis au Québec aussi.
Rodolphe Barrere: Au Québec, en France, aux US un peu. Mais oui, pas mal au Québec. Zéphie, notamment, que tu as interrogé. Je suis investisseur des premiers jours chez Zéphie. Je suis très content. C'est un très bon investissement. Et donc, ce que j'essaie de faire, c'est accompagner, encore une fois avec Zéro Ego, mais accompagner François Dequerrey. Il m'appelle quand il y a un truc qu'il n'arrive pas à résoudre. Et puis, il passe des trucs par moi. Et j'essaie de l'aider comme je peux avec mon expérience de potluck. Parce que je suis... Je ne sais pas, j'ai deux, trois, quatre années d'avance sur lui en termes de scale. Donc, j'aime beaucoup ça. Et donc, une erreur que je vois beaucoup, c'est dans la posture de lever de fonds, de demander de l'argent. Donc, en fait, tu ne demandes pas de l'argent. Tu es un véhicule d'investissement exceptionnel. Tu as en face un râteau. Tu as devant toi Elon Musk avant qu'il ne soit reconnu comme étant Elon Musk. En fait, tu as une opportunité de malade. Et donc... Je vois ça beaucoup dans les et si vous êtes assez gentil pour bien vouloir nous donner un peu d'argent ? Begging, tu vois. Eh bien, alors à ce moment-là, on pourra se développer avec ça. Moi, je n'ai jamais pitié comme ça. Moi, j'ai dit regarde, tu vois la lune là-bas ? Moi, je vais là-bas. Si ça t'intéresse de mettre un petit billet de 1$ dans ma charrette et récupérer 1 000$ à la fin, good for you. Si ça ne t'intéresse pas, je m'en fous, je n'en ai rien à foutre, moi, je vais là-bas. Et donc ça, c'est super important. De dire que tu as une trajectoire et cette trajectoire, elle n'est pas conditionnelle au fond que tu lèves. C'est ta trajectoire. Et si tu étais kind enough pour proposer à des gens d'utiliser ta compagnie comme un levier pour faire de l'argent.
François Lanthier Nadeau: De rendement.
Rodolphe Barrere: Voilà.
François Lanthier Nadeau: C'est bien.
Rodolphe Barrere: C'est potluck ou les REER, quoi. Je dis que potluck, c'est mieux que les REER. Je vais exagérer un peu, mais tu comprends l'idée, quoi.
François Lanthier Nadeau: Oui, je comprends. OK. Je pense que pour le temps qu'on a, ça fait pas mal le tour. Une dernière petite question un peu technique, mais... Est-ce que le temps de lever une round devient exponentiellement plus long en fonction de la grosseur de la round ou ça n'a pas rapport ?
Rodolphe Barrere: Si, si. Ça, pareil, c'est théorisé un peu normalement. Un site, c'est trois mois. Série A, c'est six mois. Série B, c'est neuf mois,
François Lanthier Nadeau: etc. Il y a comme une échelle où ça marie un peu.
Rodolphe Barrere: Oui, oui. Moi, je suis assez d'accord avec l'exemple que je viens de te donner. Trois, six, neuf mois, ça commence à ressembler à ça. Je pense que ça plafonne à neuf mois, en fait. parce que j'ai fait plusieurs transactions post-série B et ça ne prend pas plus de 9 mois.
François Lanthier Nadeau: Je reviens à Potluck un petit peu. Comment tu prices Potluck ?
Rodolphe Barrere: Donc, tu as un frais de plateforme, qui est un flat fee. Et ensuite, tu achètes un nombre de répondants qu'on facture. Donc, c'est N, le nombre de répondants, fois CPI, qui est Cost Per Interview.
François Lanthier Nadeau: OK.
Rodolphe Barrere: Donc, plus ton questionnaire est long et plus ta cible est niche, donc plus tu veux... poser 45 minutes de questions à des CEOs de Fortune 500, plus c'est cher. Plus c'est population générale, monsieur et madame tout le monde, et un questionnaire court, moins l'interview est chère. C'est aussi simple que ça. OK. Donc, voilà. Donc, toi, tu sais quel exemple on avait pris, les gens qui écoutent des podcasts au Québec. Donc, tu vas payer un flat fee pour la plateforme, qui est un frais d'abonnement. Et ensuite, on va dire, OK, donc, on peut aller t'en récupérer 1 000. Les gens qui écoutent des podcasts business au Québec, ça doit avoir un taux d'incidence sur la population. Donc, je dis... allez on va dire 1% 1% de la population du Québec qui doit écouter des potes de business on va dire et donc en fonction de ce qu'on appelle le taux d'incidence je vais dire regarde ton répondant il va te coûter 5$ du répondant je peux t'en avoir 1000 ça fait 5000 plus le flat fee 5000, 10000
François Lanthier Nadeau: Vu que c'est des grosses firmes et des gros contrats, est-ce que ça négocie beaucoup ces trucs-là ou c'est assez standard ? Non,
Rodolphe Barrere: et nous, on a la chance d'être avec des clients qui ne sont pas très price sensitive. Donc, en fait, quand tu vends une mission chez Boston Consulting Group, tu vends une mission de deux semaines à 1,5 million, que ton étude quantitative, elle te coûte 50 000 ou 70 000, tu n'en as rien à foutre.
François Lanthier Nadeau: Je comprends.
Rodolphe Barrere: Donc, nous, c'est un peu la beauté de ce qu'on a. Le average contract value chez Potox, c'est 48 000 dollars canadiens. C'est ce qu'on vend, ça ça prend combien de temps à créer faire livrer c'est ça la clé ding il faut que ça aille très vite très vite parce que quand tu engages je vais reprendre BCG comme exemple quand tu engages BCG tu les engages pour un laps de temps très court parce qu'ils te coûtent très cher la journée et donc dans ce laps de temps ils doivent récupérer de la donnée quantitative et nous c'est ce qu'on fait c'est le scale des sources de données le scale des systèmes de médias sociaux
François Lanthier Nadeau: qui te permet d'aller aussi vite, mettons.
Rodolphe Barrere: Oui, mais en fait, c'est toute la... C'est 10 ans de R&D orienté pour avoir des réponses de bonne qualité le plus vite possible.
François Lanthier Nadeau: OK. Est-ce que c'est votre acquisition, mettons, dans la composition de ton équipe, est-ce qu'il y a une forte partie, petite partie qui va chercher des nouveaux clients ? Et si oui, elle se concentre sur le marketing, la vente, what's up ?
Rodolphe Barrere: Donc, nous, on a, pareil, depuis qu'on a fait ce pivot, on a quand même un positionnement qui est assez unique. On a 30 grands comptes. OK ? Donc, tu vas dans le centre-ville de Montréal, tu regardes les noms qui sont en haut des tours, là. EY, KPMG, etc. C'est pas mal nos grands comptes. Et donc, j'ai un gestionnaire de comptes par compte international. Donc, j'ai un gars qui s'occupe de EY worldwide, etc. Donc, c'est beaucoup du... C'est un mélange, c'est du farming de comptes existants. Mais si tu veux, le jour... si je te prends quel exemple on va reprendre McKinsey McKinsey dépense c'est notre estimation c'est dur de c'est qu'il dépense en moyenne 500 millions par an en quantitative research donc juste ce compte là peut faire 500 millions donc en fait on a une personne qui s'appelle Simon qui s'occupe de à la fois bien servir les partenaires de chez McKinsey qui nous utilisent déjà et à la fois aller dire aux autres et appelle François il nous utilise depuis des années il nous adore et il nous utilise Et voilà, donc, Expen à l'intérieur des comptes. Donc, c'est du hunting, mais dans des comptes existants. C'est un peu particulier.
François Lanthier Nadeau: C'est du I.N. account exec, genre. Ouais, exactement. Un petit peu, OK. Parce que c'est ça, des grosses firmes comme ça, des grosses pays, il n'y en a pas...
Rodolphe Barrere: Alors, donc, ça, c'est consulting. Et ensuite, puis, à l'inverse, puis là, il y a un long tail. OK. Très important.
François Lanthier Nadeau: OK.
Rodolphe Barrere: Tu as plein de petites firmes de private equity.
François Lanthier Nadeau: Puis, eux, ils vous découvrent comment ? écoute c'est on fait pas mal de marketing en gros pour faire simple ouais pour faire simple ouais ok parle-moi un petit peu d'embauche pis de culture y'a-tu des différences dans l'embauche au Québec versus à Paris versus à New York qui valent la peine de mentionner tu penses donc
Rodolphe Barrere: oui oui c'est quand même des salaires I guess pour des salaires ouais charges patronales droits du travail y'a beaucoup de différences entre entre le Québec, la France et les US.
François Lanthier Nadeau: Qu'est-ce qui est le plus simple ?
Rodolphe Barrere: Moi, j'aime beaucoup le Québec. C'est une des raisons pour lesquelles je suis ici aussi. Je trouve que le Québec, c'est justement, sans vouloir être trop stéréotypé, mais c'est justement le bon équilibre entre la France et les États-Unis.
Participant 5: OK.
Rodolphe Barrere: Donc, en termes de droit du travail, etc. Écoute, je ne sais pas à quel point tu veux que j'aille deep, mais donc... Les salaires en France, en unité, 60 000 sont moins élevés que les salaires en Amérique du Nord. Mais tu as des charges patronales, donc tu as 40 de charges patronales. Ensuite, tu as la conversion en euros. Et puis, tu as aussi toute la loi du travail qui est très protectrice des travailleurs en France. Et donc, c'est très difficile de se séparer d'un employé en donnant moins de 4, 5, 6 mois de salaire. Donc, voilà. Et en même temps, dans les pros, les Français sont très travailleurs, ils travaillent très fort. C'est un peuple un peu plus hustler, tu vois, un peu plus struggle for life. La vie est plus douce au Québec, on a un peu moins besoin de se battre, tu vois. J'ai du mal à trouver des bons gens de vente au Québec, alors que j'en trouve beaucoup plus facilement dans des villes où la vie est un peu plus dure, Paris, New York. Là, tu trouves plus des gens qui ont faim, tu vois. C'est une vérité assez difficile à entendre, mais elle est très vraie.
François Lanthier Nadeau: Je me demande juste si c'est une fonction vraiment de la douceur ou du confort ou juste la concentration démographique de monde. Il y a juste plus de monde. Oui,
Rodolphe Barrere: il y a aussi plus de monde. Mais tu as des gens qui sont prêts à en découdre à New York. Il y a Struggle for Life, tu vois, versus un peu moins à Montréal. Intéressant. Donc, c'est très intéressant ce que je trouve. Ensuite, ce qui est intéressant sur la France, c'est la fidélité des employés. Donc, tu as plein de... Élevé ? Très élevé. En fait, en France, notamment pour donner un notice of living, c'est trois mois, etc. Donc, en fait, les gens en France, ils obtiennent ce qu'on appelle un CDI, un contrat à durée indéterminée. Et en France, c'est un peu le jackpot parce qu'une fois que tu obtiens un CDI, c'est un contrat normal pour ici. Mais en fait, tu es méga protégé par la loi du travail. Tu peux avoir deux ans de chômage à la fin, etc. Et donc, les gens, une fois qu'ils ont un CDI, ils sont quand même contents et ils ne cherchent pas trop à bouger. Donc, on a un turnover assez faible en France parce que les gens... Ils sont contents, on les forme, on les train, et donc ils restent. Donc en Amérique du Nord, les gens quittent overnight. C'est impossible, c'est inimaginable même en France de faire ça. Déjà, de toute façon, tu dois prévenir trois mois à l'avance minimum. C'est non négociable. Et donc en Amérique du Nord, évidemment, je fais une différence entre le Québec et les États-Unis. Pour moi, le Québec, c'est best of both worlds. Je suis très, très satisfait de la culture du travail québécoise. Donc aux États-Unis, ce qui est très difficile, c'est de savoir vraiment ce que pensent les gens. C'est le fameux sugarcoating. Oh, it's amazing. Alors qu'en fait, tu penses l'inverse. Donc ça, c'est vraiment la partie que je trouve la plus difficile. Et le côté un peu mercenaire du travail, c'est-à-dire en gros, si à côté, ils payent 20 000 de plus, j'y vais, j'en ai rien à foutre. Fidélité zéro. Et en même temps, tu trouves des vrais hustlers, très professionnels, des gens pour qui le travail, c'est la vie. Tu vois, quand je vais à New York, moi, je porte des chemises blanches tous les jours. Je n'ai pas besoin de dire aux gens qu'il faut... qu'il faut s'habiller corporate. Tout le monde s'habille corporate de facto. Les gens pensent comme ça.
François Lanthier Nadeau: De par la nature de vos clients. Ouais,
Rodolphe Barrere: de la part de la nature de... Ouais, c'est ça. Exactement. À Montréal, nous, on est dans le mainland. Je suis le seul extraterrestre à porter une fucking chemise blanche tous les jours. Donc, c'est pas pareil. C'est un peu différent. Mais au Québec, ce que j'aime beaucoup, c'est que t'as la fidélité et la franchise des Français et avec l'éthique de travail des Américains. Honnêtement, le Québec, pour ça, c'est une belle place.
François Lanthier Nadeau: Est-ce qu'il y a eu une concentration de... Comment tu avais appelé ça ? Pas les métiers, les...
Rodolphe Barrere: Practices.
François Lanthier Nadeau: De practices dans ces différents hubs-là pour t'accompagner ?
Rodolphe Barrere: Donc, nous, Montréal, c'est le siège social, donc il y a tout ce qui est central. Donc, en Europe, on a Sales and Operations, IMI, donc Europe, Méditerranée, Afrique. Et à New York, on a Sales and Operations, North America. Donc, à Montréal, j'ai toutes les fonctions centrales. HR, finance, talent, product, design, engineering, data, privacy, IT, blablabla.
François Lanthier Nadeau: OK. Y a-tu des red flags ou des green flags que tu regardes pour, que tu optimises pour en entrevue ? Je veux juste coter ça, contextualiser ça. Les embauches que toi, tu fais, Rodolphe, elles sont plus critiques ou du moins plus enjeux élevés ? qu'engager ton premier dev junior ou intermédiaire. Tu engages des VP, tu engages des directeurs, directrices, etc. Comment tu t'assures de faire des bonnes embauches, Jean ?
Rodolphe Barrere: Donc ça, c'est la clé. S'il y avait une recette miracle, ça serait magnifique. Donc c'est un peu une des clés, je te dirais, dans les trucs assez fondamentaux que Louis et moi, on doit réussir à bien nail. C'est justement les embauches des super VP. tu rates, ça peut faire très très mal et un bon VP fait un bien de fou. Moi, j'ai vu quelques embauches clés qu'on a fait comme ça, où en fait, c'est la nuit et le jour en trois mois. Donc, c'est fou. Vraiment, l'impact d'un très bon top exec sur le business, c'est majeur. Donc, ça, c'est mon sport favori, de toujours être en train de chercher des nouveaux top execs. donc pendant des années on a théorisé sur le zoom in versus zoom out donc t'as les leaders qui sont les théoriciens, c'est comme ça qu'il faut faire qui ont tous les modèles théoriques en tête et t'as des leaders qui sont hands on, souffle chaud derrière la nuque de tous les employés à regarder qu'est-ce qu'ils font etc et donc en fait, après des années de réflexion sur ce sujet, nous on cherche des leaders qui savent faire à la fois du zoom in et du zoom out, les deux et en fait les bons, c'est ceux qui savent faire quand on zoom in et quand on zoom out.
François Lanthier Nadeau: C'est vrai que c'est plus rare, probablement.
Rodolphe Barrere: C'est très difficile de trouver des bons top exacts. Le nombre de gens, alors là je vais insulter plein de gens, mais comme je nomme personne, ça va, mais le nombre de gens qui ont des beaux salaires et des beaux CV, mais qui sont des incompétents notoires, c'est impressionnant, qui étaient juste au bon endroit au bon moment. Je t'assure et je dis ça en toute amitié pour ces gens-là qui n'ont rien demandé, mais le nombre de gens qui ont fait une carrière juste en étant au bon endroit au bon moment, c'est impressionnant.
François Lanthier Nadeau: Ouais, je sais.
Rodolphe Barrere: Donc moi je suis impressionné. Moi, je suis un técos, là. Je peux rentrer dans n'importe quel sujet. Aujourd'hui, c'est frustrant. Chacune de tes questions sont pertinentes. J'aurais envie de te mettre un tunnel de une heure et demie sur chacun de ces points. Donc, j'aime bien rentrer dans les sujets. Zoom, zoom, zoom, zoom, zoom, jusqu'à dire Ah, voilà, en fait, il est là, le problème. Zoom out, zoom out, zoom out. Hop, c'est réglé. Donc, en fait, c'est comme ça. Moi, j'aime bien mes top execs qui disent Attends, regarde, là, je regarde le macro. Il y a un truc bizarre. Double clic. Non, ça va. Double clic, double clic, double clic. Ah, en fait, dans cette database AB36C, regarde, le pays, il n'est pas renseigné sur les répondants quand ils font partie de... Je ne sais pas.
François Lanthier Nadeau: Ils sont capables d'aller salir les mains et d'aller dans les tranchées pour le root cause, la source critique d'un problème. Oui,
Rodolphe Barrere: c'est ça. C'est un truc que je cherche. Parce qu'en fait, je cherche plein de trucs. Je cherche du courage managérial.
François Lanthier Nadeau: Qu'est-ce que ça veut dire,
Rodolphe Barrere: ça ? Le courage managérial, c'est le courage de prendre des décisions difficiles et de les porter. Donc, en fait, pareil, le nombre de leaders qui ne savent que prendre des décisions unanimes. Mais en fait, il n'y a aucune décision qui est unanime. Moi, maintenant, je prends des décisions tout le temps. On est 200 personnes. Dès que je prends une décision, il y a une partie des gens qui sont contents, une autre partie qui n'est pas contente.
François Lanthier Nadeau: C'est comme loi de chiffres, le genre de statistiques. C'est sûr que...
Rodolphe Barrere: Mais oui, tu prends une décision...
François Lanthier Nadeau: C'est pas tout le monde qui... Mais non,
Rodolphe Barrere: mais donc, en fait, la décision unanime, mais même si je dis OK, 30% d'augmentation pour tout le monde, j'ai finance qui gueule. La décision unanime n'existe pas. Mon rôle, c'est de faire des arbitrages constants entre être people-oriented, être customer-centric, être finance profitability, etc. Et je passe ma vie à arbitrer entre ces trucs-là. Donc, tu veux être un bon employeur. En même temps, il faut satisfaire tes clients qui t'appellent le samedi soir. Et en même temps, on ne peut pas donner des raise n'importe comment. Tu vois ? Donc, en fait, c'est ça qui est difficile. Donc, je passe ma vie à faire des arbitrages. Et donc, moi, je cherche des leaders qui sont capables d'avoir le courage de faire ces arbitrages. et derrière de regarder le mec droit dans les yeux qui lui vient d'avoir une démotion parce qu'en fait on a restructuré et qu'il y avait un manager de trop et que c'est lui qu'on a décidé de demote pour devenir individual contributor et de lui expliquer à cette personne en portant le courage de cette décision. Et donc c'est ce que je cherche chez des leaders et pareil, très peu de personnes, je vois un nombre sidérant de gens qui ont besoin de l'unanimité pour prendre une décision et en fait tu prends plus aucune décision si t'attends. Mais même la majorité.
François Lanthier Nadeau: T'as dit que c'était un sport quasiment pour toi ? que tu es toujours on the lookout pour du nouveau talent exécutif de genre. Ça veut-tu dire que tu alloues consciemment une partie de ton temps et que tu es à DM sur LinkedIn, Outreach, Networks ? C'est ça ?
Rodolphe Barrere: On a une équipe de talent qui est très talentueuse. On ouvre quand même des postes. Là, aujourd'hui, j'ai quand même une suite de top execs qui est super. Je ne suis pas en train de chercher un nouveau VP marketing. Fair enough.
François Lanthier Nadeau: Ça te remonte vers toi.
Rodolphe Barrere: Donc, parce qu'ils sont quand même, aujourd'hui, ceux que j'ai pour aujourd'hui sont bons, mais mon équipe de top execs n'est pas du tout la même aujourd'hui que celle que j'avais il y a trois ans. Parce qu'en fait, rares sont les gens qui scalent en même temps que la business. Il y a plein de gens qui se font, encore je suis utile d'anglicisme, mais qui se font outgrown by the company. Donc en fait, ils sont bons pour résoudre, pour faire de 1 à 20 millions d'euros ou de dollars de chiffre d'affaires. Et quand il faut faire 20 à 100, c'est un autre skill set. Tu n'as plus rien à voir. Tu deviens un manager de manager. Et en fait, tu as plein de gens qui... Et franchement, ce n'est pas une insulte de dire que tu es très bon pour faire 1 à 20 millions. C'est déjà génial. Mais par contre, faire 20 à 100, ce n'est plus ton skill set. Donc, je suis toujours en train de chercher. En permanence. Super.
François Lanthier Nadeau: On s'en va vers notre closing, mon gars. Est-ce que tu peux me donner un peu de vision ? Dans 5 ans, la compagnie, est-ce qu'elle existe ? Est-ce qu'elle va IPO ? Tu as des investisseurs qui vont vouloir un retour un jour. What's up ?
Rodolphe Barrere: Oui. Donc, écoute, moi, j'ai choisi ma cap table toujours de manière assez stratégique. J'ai globalement des investisseurs qui sont soit des fonds, ce qu'on appelle Evergreen, soit des fonds qui sont des jardins, par exemple, des jardins capital, c'est Evergreen. En fait, ils n'ont pas des logiques de rendement sur 10 ans comme la majorité des fonds privés. Soit des fonds institutionnels dont la job... C, comme IQ par exemple, c'est de créer des champions québécois ou canadiens. Donc ça, moi, ça me drive bien. Soit des fonds qui sont en capital de risque privé, comme Bright Spark, mais qui, eux, moi, j'ai pris Bright Spark à l'époque, j'avais le choix entre plusieurs fonds, j'ai pris Bright Spark, parce qu'ils m'ont dit, regarde, ça fait 17 ans qu'on est dans Hopper, et on n'a toujours pas vendu la participation. Good. Donc moi, j'ai toujours voulu du capital patient. Overnight success takes a while. Et en fait, pour créer une belle business, ça prend des années. Donc moi, je n'ai pas le gun sur l'attente de vendre. On ne veut pas vendre. Moi, je veux... Enfin... J'ai l'impression que Potluck, c'est le début de l'aventure. Et c'est pas j'ai l'impression, je sais que Potluck, c'est le début de l'aventure. On est trop mignon aujourd'hui, c'est une entreprise de 200 personnes. Alors à Montréal, ça fait big fish in a small pound. T'arrives à New York, tu dis que t'as 200 personnes, on te rit honnêtement. Petit entrepreneur, tu vois. Moi, je me sens un petit entrepreneur. Donc je me sens personne pour donner des grandes leçons de vie à qui que ce soit. Donc ouais, je veux monter à 2000, 20 000 employés. Je veux créer une grosse boîte. Il y a une place énorme. Dans notre marché, il y a une place énorme. Moi, j'ai mon concurrent américain. Number one, qui vient de faire faillite, c'est une entreprise qui fait 800 millions de dollars de chiffre d'affaires. Donc rien que ça, c'est déjà 800 millions de dollars qui m'attendent.
François Lanthier Nadeau: Et on réchauffait l'argent pour toi.
Rodolphe Barrere: Oui, c'est un énorme marché. C'est malin. Et nous, on veut faire une grosse boîte. Donc, à un moment, je disais IPO parce que ça me branche beaucoup, mais j'ai vu mes amis de chez Lightspeed, Coveo, Dialogue, morfler un peu à cause du public market, des marchés publics. Donc, je ne sais pas. C'est sûr que moi, ça m'exciterait beaucoup l'idée de rendre public. Vive ça, juste pour le thrill entrepreneurial du truc. Mais en tout cas, mon objectif, moi, je suis assez riche. Tu vois ? Franchement.
François Lanthier Nadeau: Tu m'avais le son dans notre premier cas.
Rodolphe Barrere: Mais honnêtement, j'ai un bel appartement. ok je roule en Hoodi Q5 2018 j'ai pas besoin d'un autre véhicule je veux pas un plus bel appart je veux pas un chalet parce que j'ai pas le temps d'y aller je voyage pas tant que ça je fais pas attention à mon empreinte carbone on bouffe des produits de la ferme Louffa je mange pas des steaks avec de l'or dessus je me vois pas à qu'est-ce que je ferais avec plus d'argent ça paraît complètement fou mais c'est vrai et donc en fait moi mon play c'est pas un play d'enrichissement personnel I'm rich enough je te promets que je suis assez riche donc moi je veux juste créer une plus grosse business je pense qu'on est un bon employeur Je pense qu'on peut être une bonne locomotive pour l'économie québécoise. Et donc, ça me plaît de créer une grosse bébête.
François Lanthier Nadeau: Fait que votre plan d'embauche pour l'année prochaine est ouvert.
Rodolphe Barrere: Il y a des postes ouverts en tout temps. On recrute quasiment toutes les équipes en tout temps.
François Lanthier Nadeau: Très cool, man. Écoute, ça va me faire plaisir d'être une cheerleader sur les côtés pendant que tu te rends à tes 20 000 employés. Dude, je suis juste trop stoked de la discussion qu'on vient d'avoir. J'ai eu vraiment du fun.
Rodolphe Barrere: j'ai appris une chier de trucs je pense que ça va être la même chose pour l'audience pour finir t'as-tu des genres de shameless plugs des jobs ouverts du monde tu vas rencontrer des nouvelles peu importe ouais tu me dis ça écoute shameless plugs potluck.com slash carrière ou careers en anglais super on va le mettre dans les show notes qui sont ouverts en ce moment belle culture d'entreprise on n'en a pas parlé finalement parce qu'on n'a pas eu le temps d'en parler mais culture d'entreprise qu'on a faite à nos valeurs personnelles Louis et moi Donc, c'est notre entreprise, donc elle porte nos qualités et nos défauts. Et donc, peut-être pour l'audience, si tu veux que je fasse un shameless plug, j'essaie de relier tous les points. S'ils ne m'ont pas aimé ou des trucs que j'ai dit dans cet entretien, il ne faut surtout pas qu'ils appliquent chez nous, parce que chez nous, c'est exactement ce que j'ai dit. Il n'y a aucune posture, aucun masque, etc. Donc, moi, je suis qui je suis avec mes défauts et mes qualités, mon ambition, mon côté un peu brut de décoffrage de temps en temps, etc. Et chez Potluck, la culture, c'est ça. donc il y a des gens que ça drive et qui trouvent ça génial et donc là, welcome mais il y a des gens qui se disent oh là ce gars là j'aime pas trop, surtout faut pas qu'ils appliquent chez nous parce que ma culture perso et celle de Louis a infusé dans toute la compagnie c'est très cool
François Lanthier Nadeau: Rodolphe, merci pour ton temps merci
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